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Budget: les premières pistes avancées par Sébastien Lecornu n'auraient-elles qu'un effet limité?

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Le Premier ministre a dévoilé plusieurs pistes ce jeudi pour l'élaboration de son budget. Après une première rectification sur l'impôt des couples touchant "légèrement" le Smic, le flou persiste et les effets escomptés ne pourraient être que limités.

Sébastien Lecornu étudie plusieurs pistes de baisses de prélèvements en faveur des salariés, a indiqué son entourage à l'AFP jeudi, alors que les syndicats ont entamé une nouvelle journée de mobilisation pour tenter de peser sur le prochain budget. "Ce sont des pistes évoquées pas encore arbitrées, on présentera en temps et en heures au moment de la copie définitive", fait savoir l'entourage du Premier ministre à RMC.

Le Premier ministre regarde différentes mesures comme "une défiscalisation et un allègement des charges sociales" sur les heures supplémentaires. Pour rappel, les heures supplémentaires sont exonérées d'impôt sur le revenu dans la limite de 7 500 € (rémunération nette imposable) par an, pour les revenus de l'année 2024. Au dessus de ce plafond, celles-ci sont effectivement soumises à l'impôt.

Rétropédalage pour les couples touchant le Smic

Il étudie aussi une réduction de l'impôt sur le revenu pour les couples payés chacun "légèrement" au-dessus du Smic, a ajouté Matignon.

Les services du Premier ministre, qui avaient dans un premier temps annoncé viser les foyers touchant exactement le Smic, ont rectifié dans l'après-midi: un couple dont chacun des membres est payé 1.476 euros par mois - soit le montant mensuel du Smic - n'est effectivement pas assujetti à l'impôt sur le revenu, le seuil étant fixé à 1.491 euros.

L'objectif de cette mesure est donc "d’alléger leur montant d'impôt", voire de "l'annuler pour tous ceux en entrée de barème" afin qu'ils soient "traités" fiscalement comme des célibataires, a expliqué l'entourage de Sébastien Lecornu.

Rétablissement de la prime Macron, qui existe toujours

Sébastien Lecornu examine aussi le rétablissement de la prime Macron, qui comportait des avantages fiscaux, ensuite supprimés quand elle est devenue une prime de "partage de la valeur". Facultative pour les entreprises, cette prime avait connu un franc succès en 2023, mais était moins sollicitée depuis qu'elle a été en 2024 défiscalisée.

La prime Macron de partage de la valeur (PPV) a été modifiée en 2025, avec plusieurs nouveautés majeures liées à la loi sur le partage de la valeur. Pour les entreprises de moins de 50 salariés, le régime fiscal et social favorable est prolongé, avec exonération totale pour les salaires inférieurs à trois SMIC jusqu’à fin 2026. Au-delà de ce seuil (plus de 50 salariés, ou salaire supérieur à 3 SMIC), la prime est soumise à l'impôt sur le revenu et aux cotisations sociales classiques.

Sébastien Lecornu réfléchit aussi à une mesure "encourageant" les transmissions aux petits-enfants et aux jeunes. "Le fait de vivre de son travail et le reste à vivre demeurent une des premières préoccupations des Français", fait valoir son entourage à l'AFP. Chaque grand-parent peut donner jusqu’à 31. 865 € à chacun de ses petits-enfants tous les 15 ans sans impôt, quel que soit le type de bien donné (argent, immobilier, titres…). Pour que l’exonération totale s’applique au don d’argent (appelé "don Sarkozy"), le donateur doit avoir moins de 80 ans et le petit-enfant au moins 18 ans ou être émancipé.

On peut déjà verser jusqu'à 300.000 € à ses petits-enfants

Entre le 15 février 2025 et le 31 décembre 2026, un dispositif exceptionnel permet de donner jusqu’à 100 000 € par donateur à un petit-enfant, totalement défiscalisé, si la somme est utilisée dans les 6 mois pour acheter une résidence principale ou pour réaliser des travaux de rénovation énergétique d’une résidence principale.

Un petit-enfant peut donc recevoir jusqu’à 300 000 € de ses grands-parents si la famille transmet via plusieurs ascendants, à condition que chaque don ne dépasse pas 100.000 € et que l’ensemble des conditions soient respectées.

Dans un entretien au Parisien, où il a fermé la portes à plusieurs demandes de la gauche et des syndicats sur la taxe Zucman sur les hauts patrimoines, le rétablissement de l'Impôt sur la fortune (ISF) ou la suspension de la réforme des retraites, Sébastien Lecornu avait néanmoins affirmé que "certains impôts augmenteront" et "d'autres diminueront".

Il avait dit lundi à ses alliés du centre et de la droite du "socle commun" qu'il ferait des "propositions" de baisse d'impôts "notamment en faveur du travail". Les socialistes, qui seront reçus une nouvelle fois à Matignon vendredi matin, réclament entre autres une baisse ciblée de la contribution sociale généralisée (CSG).

"En deça" de nos attentes", réagit Olivier Faure

"C'est sûr qu'il vaut mieux faire quelque chose en direction des salariés plutôt que rien, mais la réalité, c'est que c'est très en deçà de ce que nous attendons", a déclaré Olivier Faure avant le départ de la manifestation parisienne à l'appel de l'intersyndicale.

"Nous verrons demain. Moi, je veux donner sa chance au Premier ministre", a-t-il ajouté, chahuté par quelques dizaines de manifestants qui ont reproché au patron du PS sa présence dans le cortège.

Sébastien Krebs avec AFP