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Des condamnés à des travaux d'intérêts généraux en renfort dans les Ehpad: "C’est un métier et ça ne s’improvise pas"

Pour faire face au manque de personnel dans les Ehpad en Ardèche, l'agence régionale de santé a proposé de faire appel à des personnes condamnées à des travaux d'intérêt général.

C’est un constat évident, les Ehpad sont en manque d’effectif depuis plusieurs mois, notamment à cause de la crise sanitaire. Face à cette situation, l'Agence Régionale de Santé a proposé au directeurs d’établissements de l’Ardèche de faire appel à des personnes condamnées à des Travaux d’Intérêts Généraux.

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Une proposition qui n’a pas été très bien accueillie par ces derniers. 

“Aujourd’hui, on a besoin de personnes qui ont des compétences, des aides-soignants, des infirmières. Même si on peut penser que ça peut servir sur des accompagnements basiques, c’est un métier et ça ne s’improvise pas. Dans le milieu médico-social, on fait de la réinsertion aussi, il n’y a pas de soucis. On n’est pas contre le dispositif, mais on ne le cautionne pas à l’heure actuelle des choses. Accueillir une personne sur des travaux généraux en dehors de cette période très compliquée, pourquoi pas, mais il faut qu’on soit accompagné. Il faut que la personne, on puisse lui donner des missions qui évitent de créer du conflit avec les familles qui peuvent avoir peur pour leurs parents”, a indiqué dans l’émission “Estelle Midi” Thibault Gandon, Directeur d’un Ehpad en Ardèche.

Des conditions de travail infernales?

S’il ne trouve pas la proposition choquante, Philippe Collin, paysan à la retraite, estime surtout que cette proposition révèle des conditions de travail dans les Ehpad.

“On a l’impression que travailler dans un Ehpad est le dernier des métiers. Et peut-être qu’il faudrait un peu se pencher sur cette question-là. Les infirmières ont 12 minutes pour faire la toilette du haut et du bas. Et il y a des gens qui chronomètrent. Donc, à travers cette question d'embaucher des personnes condamnées à des Travaux d’Intérêts Généraux, ça montre la faillite des Ehpad”, estime-t-il.

L’association AGADRES a lancé une tribune signée par 26 directeurs d’établissements. "Nous demandons une véritable campagne de recrutement en Ardèche associant le Département, la Région et l’Etat", indique-t-il notamment. 

Guillaume Descours