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Asma Guenifi: "La déchéance de nationalité fait le jeu des intégristes"

Asma Guenifi, psychologue et membre de l’Association française des victimes du terrorisme, a inauguré ce lundi dans les Grandes Gueules la semaine consacrée aux "Audacieuses". Cette militante associative estime que "la France a 20 ans de retard" dans la lutte contre l'intégrisme et le jihadisme.

C'est la première des "audacieuses" invitées toute la semaine dans les Grandes Gueules sur RMC. Asma Guenifi, psychologue et membre de l’Association française des victimes du terrorisme, a donné son avis, celui de la femme de terrain "qui a vu les prémices de la montée de l'islamisme dans nos banlieues". En 1994, son grand frère a été assassiné en Algérie par les islamistes du Fis (Front islamique du Salut), "parce qu'il aimait et voulait travailler dans la musique". Alors elle s'est immédiatement consacrée au militantisme et à la lutte contre l'intégrisme, créant pour cela une association avec d'autres algériens. Elle rejoindra ensuite l'association féministe Ni Putes Ni Soumises.

"Il n'y a pas eu de courage politique pour dénoncer la montée islamiste"

Depuis elle apporte son soutien aux familles des victimes des attentats du 7 janvier et du 13 novembre 2015. Elle le dit : "la France a 20 ans de retard" face à la montée de l'islamisme. Selon Asma Guenifi, le discours victimaire d'une partie de la gauche est la cause de ce retard dans la prise en compte de la réalité de la poussée islamiste, malgré les alertes d'associations comme Ni Putes Ni Soumises. "C'est une lâcheté, il n'y a pas eu de courage politique pour dénoncer et dire les choses clairement alors que la lutte contre le terrorisme n'a pas de couleur politique".

La déchéance de nationalité? "Une erreur politique grave"

S'il faut du courage politique, il faut également éviter les "erreurs". Asma Guenifi doute ainsi de l'efficacité des cellules de déradicalisation mises en place par le gouvernement, et qualifie la déchéance de nationalité "d'erreur politique grave". "C'est un appel au jihadisme ! Cela fait le jeu des salafistes et intégristes qui disent aux jeunes musulmans français : 'venez nous rejoindre puisque vous êtes rejetés par votre propre pays'. Ça légitime leur théorie", qu'ils professent à foison sur les réseaux sociaux.

"Les jeunes femmes pensent trouver l'amour" en Syrie

Asma Guenifi a ensuite exposé les raisons qui poussent les jeunes femmes à rejoindre Daesh en Syrie et en Irak. "Il n'y a pas un seul profil. Ce qu'on arrive à voir, c'est que les femmes sont jeunes, voire très jeunes, et pensent aller chercher l'amour sur place. Elles passent beaucoup de temps à tchater sur les réseaux sociaux. (Leurs interlocuteurs) leur promet le bonheur, qu'elles vont trouver une vie saine, qu'elles vont être respectées. On leur explique qu'elles sont maltraitées en occident". "Les femmes qui partent là-bas ne parlent pas de guerre, elles partent avec l'idée de fonder une famille et de reconstruire quelque chose", assure la militante.

Philippe Gril avec les GG