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Bénévolat contre RSA: "Les départements sont exsangues, il faut réduire le nombre de bénéficiaires"

Le Haut-Rhin va conditionner l'attribution du RSA à 7 heures de bénévolat par semaine.

Le Haut-Rhin va conditionner l'attribution du RSA à 7 heures de bénévolat par semaine. - François Guillot - AFP

A partir de janvier 2017, les bénéficiaires du RSA du Haut-Rhin devront effectuer 7 heures de bénévolat par semaine. Une décision du Conseil départemental qu'a défendue mardi dans les Grandes Gueules Eric Straumann, le président du département, alors que la justice administrative doit se prononcer sur la mesure.

Eric Straumann ne veut pas attendre. Le Conseil départemental du Haut-Rhin qu'il préside conditionnera dès janvier 2017 le versement du RSA à 7 heures de bénévolat par semaine. Cela même alors que le préfet a formé un recours devant le tribunal administratif de Strasbourg sur cette mesure qui a créé la polémique. Eric Straumann justifie sa décision par le manque de moyens attribués aux collectivités locales.

"On dépense 100 millions d'euros pour le RSA dans le département du Haut-Rhin, on est compensé à hauteur de 50 millions par l'Etat. C'est 50 millions qui sont pris en charge par le contribuable local. A partir du 30 novembre, je n'arrive plus à faire face", explique-t-il dans les Grandes Gueules. 

L'élu Les Républicains estime à 20.000 foyers bénéficiaires du RSA dans son département. Pour lui, imposer ces heures de bénévolat vise clairement à faire diminuer leur nombre.

"Les départements aujourd'hui sont exsangues, il faut absolument réduire le nombre de bénéficiaires du RSA, être imaginatifs (...). Est-ce qu'aujourd'hui on a pour vocation de rester de 25 à 62 ans au RSA ou est-ce qu'on essaie de trouver une autre solution. On ne me propose aucune solution, on ne peut pas rester comme ça de manière indéfinie", poursuit-il. 

"Se sentir utile pour sortir de l'isolement"

Il estime que cette mesure pourrait permettre aux bénéficiaires du RSA, parfois en rupture avec la société, de se réinsérer progressivement. "La plus grande difficulté des bénéficiaires du RSA aujourd'hui c'est qu'ils se retrouvent dans une situation d'isolement social (...). Il faut sortir de cet isolement. Le fait d'avoir du contact, de se sentir utile, de rencontrer du monde (permettrait) de retrouver prise avec la société", estime Eric Straumann. 

La Grande Gueule Claire O'Petit s'étonne du choix du bénévolat qui pour elle ne conduira pas à un retour vers le monde du travail. "Faire du bénévolat dans une association où ils vont peut-être simplement sortir les poubelles, non certainement pas. On ne parle pas de formation, on ne parle pas de réinsérer ces personnes qui travaillent", s'étonne-t-elle. Pour Fatima Aït Bounoua, la mesure part "d'une bonne intention" mais ressemble à "un travail déguisé".

"L'idée, ce n'est pas de faire travailler les gens, même si le bénévolat peut engager une forme d'activité, c'est de les réinsérer dans la société", insiste l'élu.

Le bénévolat pourra d'ailleurs prendre différentes formes précise-t-il. "Par exemple vous allez à la sortie de l'école, vous encadrez les passages cloutés (...). Ca peut être éventuellement le fait de participer à une chorale dans une commune." Emmanuel Straumann concède toutefois que le conditionnement du RSA à ces heures de bénévolat sera difficile à faire appliquer. "On fera des contrôles ponctuels (...). On ne va pas vérifier tous les jours s'ils sont présents. C'est une déclaration sur l'honneur des associations." Il est par ailleurs persuadé que les associations et collectivités de son départements joueront le jeu: "Il y a tellement de besoins non satisfaits dans le monde associatifs, dans les collectivités que je pense qu'il n'y aura aucun problème à trouver une activité bénévole". 

Carole Blanchard avec les Grandes Gueules