Céline Lazorthes (leetchi.com): "C'est un bonheur d'entreprendre en France"
On ne sait pas si sa vie est plus dure que celle d'un salarié, toujours est-il que son entreprise cartonne. Céline Lazorthes, fondatrice et dirigeante du groupe Leetchi (leetchi.com) était l'invitée ce jeudi des Grandes Gueules sur RMC, dans le cadre de la semaine consacrée aux "Audacieuses". Leetchi.com, c'est ce site internet qui permet d'ouvrir une cagnotte en ligne pour des cadeaux, utilisée par cinq millions de clients dans 150 pays. A sa tête donc, une jeune femme de 33 ans, "passionnée très jeune par le web" et à la tête bien pleine : maths sup, maths spé, puis Master 2 en gestion de projet informatique couplé à une école de commerce.
C'est là d'ailleurs, que l'idée de Leetchi lui ait venue. "Je voulais organiser le week-end d'intégration de ma promo et je suis partie pour collecter de l'argent auprès de tous mes camarades de classe. Et là, ce fut la grosse galère, entre ceux qui n'avaient pas d'argent sur eux, pas de monnaie, ou des chèques. Je me suis dit qu'il y avait forcément un service qui permettait de gérer de l'argent à plusieurs. Il n'y en avait pas, alors je l'ai créé", raconte-t-elle.
"En France on a envie d'aider les jeunes entrepreneurs"
Une idée lumineuse, qu'elle développe au départ avec peu de moyens. "Je n'avais rien à part mes diplômes et l'aide de mes parents, comme quand j'étais étudiante, plus 5.000 euros d'économie. Un ordinateur, une colocation, du courage et beaucoup d'envie". Rien de plus. Ça paraît presque simple, alors qu'on ne cesse de nous dire qu'entreprendre en France est un enfer.
"C'est faux, c'est un bonheur d'entreprendre en France, assure Céline Lazorthes. Les gens sont ouverts à l'entrepreneuriat. En France on a envie d'aider les jeunes entrepreneurs. Il y a pleins d'aides pour les jeunes créateurs d'entreprises".
"Il y a cinq ans, il n'y avait pas d'incubateur, le travail de la BPI (Banque publique d'investissement) n'existait pas". Et puis "le Français n'est pas du tout réfractaire aux nouveaux services, au contraire".
"Macron ? Il est plus en phase avec notre génération"
Et sa vie d'entrepreneure, la juge-t-elle plus dure que celle de ses salariés, comme l'a déclaré Emmanuel Macron sur RMC et BFMTV, le 20 janvier, avant de regretter ses propos ? "Ma vie est différente, intense, parfois fatigante, mais très chouette parce qu'on apprend, on bâtit son monde et on essaie de réaliser son rêve", répond la jeune chef d'entreprise.
Qui n'en veut pas au ministre de l'Économie, au contraire. "Il est plus en phase avec notre génération, estime-t-elle. Il y a des questions qu'il soulève qui correspondent à ce que je pense : la place de l'entrepreneur, comment on accompagne les jeunes et on les aide à entreprendre, comment on fait de notre pays une terre d'accueil pour les entrepreneurs, comment nos jeunes diplômés ne partent pas à l'étranger ?"
"Fière d'être un produit de la France"
Partir travailler à l'étranger, Céline Lazorthes ne l'envisage pas une seconde. "Pas du tout ! Je suis fière d'être une entrepreneuse française, d'être un produit de la France. Je dois beaucoup à mon pays".
"En France les charges sont lourdes, il ne faut pas se le cacher. Mais je suis fière de dire qu'on a notre sécurité sociale qui fonctionne bien, qu'on a des droits mais aussi des devoirs et que cela a un coût. Je suis heureuse de me dire que je peux apporter de la formation à mes salariés, qu'on a tous accès à la Sécu, que la mutuelle est aussi pour le conjoint, qu'on peut prendre un congé maternité pendant 4 mois, alors que ce n'est pas le cas dans d'autres pays". Audacieuse, Céline Lazorthes !