Des jauges pour les concerts, mais pas pour les meetings: "Le déshonneur absolu" selon Jérôme Marty

Julien Doré, Grand Corps Malade ou encore Eddy De Pretto ont déjà annoncé qu’ils se transformaient en candidats à la présidentielle. A l’annonce des nouvelles mesures de lutte contre le Covid lundi soir, ils ont vu leurs prochains concerts être à nouveau touchés par des jauges, tout comme les évènements sportifs. Avec un maximum de 2.000 personnes en intérieur et 5.000 personnes en extérieur, jusqu’au 25 janvier au moins. Par contre, les meetings politiques, à l’approche de l’élection présidentielle, vont pouvoir continuer à se tenir sans jauges.
"Le Premier ministre l’a dit, c’est inscrit dans la Constitution, souligne Fred Hermel, l’auteur de ‘C’est ça la France’, dans ‘Les Grandes Gueules’ ce mardi sur RMC et RMC Story. On ne peut pas faire de modification constitutionnelle pour que Julien Doré puisse faire son concert." Mais cette différence de traitement, bien qu’imposée par la Constitution, provoque la colère du docteur Jérôme Marty. "Quand tu es homme politique, que tu as un devoir d’exemplarité, tu ne peux pas dire ‘pour les uns, c’est ça’, mais ‘nous, perchés’, explique le médecin généraliste. Ça révèle quoi ? Ce qu’on savait déjà: la politique, ce n’est pas un art et ce n’est pas de la culture. Les gens qui font ça, c’est le déshonneur absolu."
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Fred Hermel: "Je ne veux pas d’une élection à l’aspartame"
"Dans un meeting, tu ne restes pas assis, tu fais la clape, tu cries, tu aérosolises beaucoup, tu es plus de 1.000… Et si tu as une jauge, tu regroupes les gens en les serrant les uns contre les autres. Tout ça va à l’inverse de ce qu’il faut faire, ajoute Jérôme Marty. Et les pauvres ‘non-essentiels’ de la culture, tu les mets dans la boite. Ça suffit ! A un moment, tu prends tes responsabilités. Ces choses-là, tu les connais depuis longtemps. Tu peux très bien faire péter un décret qui va t’autoriser à faire ça. Si tu dois changer la Constitution, tu le fais, tu t’en donnes les moyens. Mais tu ne peux pas faire ça, ce n’est pas possible. (…) C’est un paradoxe énorme de penser que les gens qui sont en charge, ou le seront demain, de la tenue de la nation, vont diffuser le virus."
"Je ne suis pas d’accord, répond Fred Hermel. C’est l’élection présidentielle ! C’est un évènement majeur, une fois tous les cinq ans. C’est un rendez-vous majeur pour l’avenir de notre pays. Oui, l’élection présidentielle est une exception et doit être une exception. Les meetings aussi, parce que c’est la vie démocratique. Toute la légitimité d’une élection présidentielle se fait s’il peut y avoir une campagne normale. Je ne veux pas d’une élection à l’aspartame !"
Léa Falco: "Tu crées une défiance envers le politique qui est encore plus grande"
"Je comprends qu’on puisse être choqué quand on est artiste mais là, on parle quand même d’une élection présidentielle, d’un choix démocratique qui a lieu tous les cinq ans, estime aussi Kevin Bossuet, prof d’histoire-géo. C’est normal de préserver cela. Emmanuel Macron et le gouvernement n’ont qu’une crainte, c’est d’être accusé d’avoir volé cette élection en ayant fait une entorse au bon déroulement de la campagne. Et on est quand même en droit d’avoir un débat serein, d’échanger nos idées. Si tu es empêché d’aller à un concert, c’est embêtant mais ce n’est pas grave. Il peut avoir lieu dans six mois. Par contre, une élection présidentielle, c’est tous les cinq ans."
Mais pour l’étudiante Léa Falco, "la valeur ajoutée des meetings, en dehors de la représentation politique qui est importante, n’est peut-être pas énorme" et "on ne peut pas dire qu’il y a un échange politique dans un meeting". "Je suis tout à fait d’accord sur le fait que c’est important de maintenir la pluralité, la diversité, des opinions, tout ce qu’on peut faire pour maintenir l’élan démocratique autour de la présidentielle, ajoute-t-elle. Mais là, les gens qui ont pris des places pour les concerts ne savent pas s’ils vont pouvoir y aller et dans quelles conditions. Donc tu crées une défiance envers le politique qui est encore plus grande. Il y a une partie des gens qui va se dire : ‘Eux, ils ont le droit de le faire pour leurs intérêts personnels, alors que moi qui ai pris une place de concert, je ne sais pas ce qu’il va se passer’.
"Le gouvernement était coincé, conclut Fred Hermel. S’il avait mis des jauges pour les meetings politiques, toutes les oppositions auraient accusé le président de la République Emmanuel Macron d’avoir confisqué l’élection. Je ne suis pas là pour défendre le gouvernement, je ne suis pas porte-parole de LREM, mais il ne pouvait rien faire d’autre que ça."