Edwy Plenel: François Hollande et Manuel Valls "ont remplacé liberté par autorité"
Haro sur le gouvernement. Le journaliste Edwy Plenel, qui publie Dire nous. Contre les peurs et les haines, nos causes communes (Don Quichotte éditions), était ce vendredi l'invité des Grandes Gueules sur RMC. Il a dénoncé les choix de François Hollande et Manuel Valls, qui, selon lui, trahissent les valeurs de la France.
"La devise de notre République, c'est : liberté, égalité, fraternité. En quelques mois, ils l'ont remplacée. Ils ont remplacé liberté par autorité, c'est-à-dire l'état d'urgence devenu état d'exception permanent. La France, hélas, ne devient plus que le pays de la déclaration et non plus des droits de l'homme. Egalité a été remplacée par inégalité, c'est-à-dire qu'ils sont du côté de la loi du plus fort. Et, pour moi, c'est un crime sans retour: la fraternité, ils l'ont remplacée par l'obsession d'une nation identitaire, d'une nation purifiée avec la déchéance de la nationalité."
"Ça tue l'espoir, ça créé de la désespérance"
Dans le viseur du fondateur de Mediapart, la réforme du code du travail, dont les opposants continuent de se mobiliser et d'exiger son retrait. "Je suis patron d'une PME qui embauche, qui créé des emplois, 65 CDI, bientôt 75. Ce n'est pas le code du travail le problème, au contraire. Et cette loi sur le code du travail elle n'est pas faite pour ce réseau des patrons de PME et du dynamisme de notre tissu social. Elle est faite d'abord pour les grands groupes, l'anonymat du CAC 40."
Edwy Plenel reproche au gouvernement de n'avoir pas écouté plus tôt la contestation grandissante contre cette loi et d'être resté "droit dans ses bottes". "Quand la droite fait une saloperie, il y a de la mobilisation en face. Quand c'est la gauche qui le fait, avec en plus des gouvernants qui se pensent propriétaires du bien, qui pensent savoir mieux que le peuple ce qui est bon pour lui, c'est bien pire. Car ça tue l'espoir, ça créé de la démobilisation, ça créé de la désespérance."
"Nicolas Sarkozy a levé la barrière avec l'extrême droite"
Et selon Edwy Plenel, les enjeux ne se limitent pas aux prochains mois du quinquennat. A un an de l'élection présidentielle, l'accident électoral est possible, selon lui, "parce que nous sommes dans un système faiblement démocratique". "La majorité n'est plus un lieu de débat. Il y aura toujours une extrême droite. Il y aura toujours des gens pour penser qu'il vaut mieux se faire la guerre au nom de l'identité, de l'origine, de la religion plutôt que de se rassembler sur ce qu'on a en commun. Mais que cette famille devienne une force politique quand la droite républicaine oublie ses principes, c'est un drame. C'est ce qu'il s'est passé sous Nicolas Sarkozy, qui a levé la barrière avec l'extrême droite."
L'ancien directeur de la rédaction du Monde accuse le patron des Républicains et ex-locataire de l'Elysée de n'avoir pas tenu sa parole de se retirer de la scène politique. "Nicolas Sarkozy est un homme qui s'accroche, qui étouffe son camp sous lui-même." Car, selon Edwy Plenel, comme dans toute démocratie vivante, il doit "passer la main."