RMC
Les Grandes Gueules

En 18 mois, il y a 4 agriculteurs qui se sont suicidés autour de chez moi dans un rayon de 5 km

placeholder video
Didier Giraud, éleveur bovin et Grande Gueule sur RMC, témoigne du sujet tabou du suicide dans le monde agricole. Les derniers chiffres officiels font état d'un suicide par jour dans notre pays.

Va-t-on enfin pouvoir tenter de résoudre le problème du mal-être paysan ? Le député LREM du Lot-et-Garonne, Olivier Damaisin, remet ce mardi au Premier ministre un rapport présentant des pistes pour accompagner plus précocément les agriculteurs en difficulté et tenter d'enrayer les suicides qui endeuillent régulièrement la profession.

Une "surmortalité statistique par suicide pour les exploitants agricoles, comparés à la population générale, a été mise en évidence", rappelait en juin l'observatoire national du suicide. Cette surmortalité est "particulièrement marquée chez les éleveurs bovins (lait et viande) âgés de 45 à 54 ans".

>>> A LIRE AUSSI - "C'est de pire en pire": le témoignage poignant d'une veuve d'agriculteur qui réclame moins d'acharnement administratif

Pour la seule année 2015, 372 suicides d'exploitants agricoles avaient été recensés, soit plus d'un par jour, selon les statistiques les plus récentes de la sécurité sociale agricole, la MSA.

Le député, qui regrette l'absence de données actualisées, souligne que ce nombre est réputé en deçà de la réalité, des décès étant susceptibles d'être comptabilisés comme accidents du travail, par exemple.

"Tout ne s'explique pas par le pognon, mais..." : le témoignage de la GG Didier Giraud, agriculteur en Saône-et-Loire

"Pourquoi ils se suicident plus ? Parce qu'ils sont plus malheureux tout simplement. J'ai vécu ça de très près puisqu'en 18 mois il y a quatre agriculteurs qui se sont suicidés autour de chez moi dans un rayon de cinq kilomètres.

C'est un phénomène qui touche particulièrement les éleveurs. Si tu regardes les résultats des revenus de l'agriculture, les éleveurs, depuis 35 ans, sont placés en bas de l'échelle. Ca c'est quand même une réalité.

Tout ne s'explique pas par le pognon. Il n'empêche qu'il y une partie des problématiques corolaires au ressenti de mal-être dans le métier lié aux problématiques de revenu. C'est quelque chose qui dure et on n'en voit pas le bout. Dans mon département, il se perd 8.000 à 10.000 vaches par an. Les éleveurs ils arrêtent.

Après on travaille avec les chiffres du suicide de 2015. Le problème c'est qu'il y a un nombre de suicides qu'on ne voit pas, qui ne sont pas déclarés en suicide. Car il y a des clauses dans les prêts qui fait que si tu te suicides, l'assurance qui rembourse les prêts quand tu es endetté ne fonctionne pas. Il y a des suicides déclarés en accidents, et peut-être plus qu'on ne pense. Donc on a du mal à avoir des vrais chiffres. C'est dramatique."

James Abbott