Franz-Olivier Giesbert dans les GG: "Chirac, c'est Game of Thrones !"
Il y a tellement à dire et à raconter, qu'il fallait bien un pavé de 845 pages. Franz-Olivier Giesbert, journaliste et écrivain, était l'invité des Grandes Gueules ce vendredi pour présenter sa biographie de Jacques Chirac, sobrement intitulée "Chirac, une vie" (chez Flammarion) et publiée ces jours-ci. L'ancien patron du Point y raconte 40 années de politique. Ou plutôt 40 années d'une épopée.
"Chirac ressemble à tous les Français"
"Chirac c'est Alexandre Dumas !, s'enflamme Franz-Olivier Giesbert sur RMC. Il y a sans arrêt des surprises, des rebondissements, des morts, des résurrections... c'est un feuilleton. La vie de Chirac c'est Game of Thrones ! C'est aussi une vie de trahison, puisque personne n'a été autant trahi que lui, par Edouard Balladur (qui s'est présenté contre lui en 1995) et Nicolas Sarkozy (porte-parole de campagne du Premier ministre Balladur)".
"Il n'y a pas besoin de talent pour raconter sa vie", s'amuse avec modestie FOG.
Mais pourquoi l'ancien président est-il, à 83 ans, aussi populaire, alors que l'on ne peut pas dire que ses 12 années à l'Élysée (un septennat puis un quinquennat) ont été un grand succès. "La principale raison, c'est qu'il ressemble à tous les Français, explique le journaliste. Il y avait chez lui une espèce d'empathie avec les Français et une capacité à écouter tout le monde. Plus on était petit, plus on était rien du tout et plus il avait envie de vous aider. Il s'intéressait toujours au petit".
"Après les manifs de 1995, il a eu peur"
Revenant sur son bilan, Franz-Olivier Giesbert lui a trouvé des circonstances atténuantes. "On dit qu'il n'a pas fait grand-chose, mais c'est de la faute des Français. En 1995, souvenez-vous, Chirac, qui voit les finances dans le rouge, se dit: on va resserrer la vis. Ils prennent, avec son Premier ministre de l'époque Alain Juppé, des mesures qui aujourd'hui paraissent évidentes. Mais la France entière était dans la rue pour défendre le droit à la retraite à 50 ans des agents roulants de la SNCF (réforme des régimes spéciaux, NDR) ! Qu'est-ce que vous voulez faire avec un pays pareil ? Après il a eu peur, il n'a plus bougé une oreille". Et d'une manière générale, selon FOG, "depuis, tous les politiques ont peur" de réformer.
Il y a cependant une chose positive que l'on retient du passage de Jacques Chirac à la fonction suprême : le refus de participer à la coalition américano-britannique contre le dictateur irakien Saddam Hussein, en 2003.
"Sur l'Irak, bravo, applaudit le journaliste. Il disait exactement ce qui allait se passer. Que l'adversaire dans les années à venir ce n'était pas Saddam Hussein, mais l'islamisme. Il disait qu'il fallait aider les pays arabes à lutter contre l'islamisme".
"Juppé rassure les Français"
Ce qui est cocasse, c'est que le favori des sondages pour prendre les rênes du pouvoir soit aujourd'hui Alain Juppé, son ancien Premier ministre, qui accéderait à la présidence 10 ans après son départ de l'Élysée. "Juppé a toujours été son préféré, parce qu'il est différent et qu'on est attiré par ce qui est différent", raconte Franz-Olivier Giesbert. Pour l'ancien directeur du Point, le retour d'Alain Juppé s'explique d'abord parce que "c'est quelqu'un qui bosse, qui fait les choses - regardez à Bordeaux tout ce qu'il a fait". Mais si les Français pensent à lui pour la présidence, c'est surtout parce que "c'est quelqu'un qui rassure".
"La situation économique est épouvantable et il y a la menace terroriste, donc il y a de l'angoisse. Les Français ne vont pas aller vers les 'aventures' ou les gens nerveux. Ils iront vers le père, quelqu'un qui est sérieux. La situation ne profitera pas à Sarkozy ni au FN".