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"Il n'était ni mort, ni vivant": le témoignage d'Anne Ratier, qui a "offert" la mort à son fils de 3 ans

En 1987, Anne Ratier a donné la mort à son fils de 3 ans, lourdement handicapé. Aujourd'hui, elle a décidé de parler pour "transmettre son expérience".

Son récit a fait polémique. Dans une vidéo de Konbini, diffusée la semaine dernière, Anne Ratier a raconté pourquoi elle a donné la mort en 1987 à Frédéric, son fils de 3 ans. En 1984, elle met au monde son fils Frédéric. Un accouchement difficile et mal pris en charge.

"Mon fils Frédéric est né très lourdement handicapé. A la clinique, il n'y avait personne à part le médecin, qui est parti, c'était la Toussaint. Je suis restée avec la sage-femme qui me disait que j'étais douillette. Ils m'ont laissée alors que je me sentais en train de mourir. A 8h le lendemain, quand le médecin est revenu, je l'ai vu qui sermonnait la sage-femme. Mon fils est né mort, ils ont appelé le SAMU qui l'a réanimé", a raconté Anne Ratier ce mercredi chez les Grandes Gueules.

Mais l'enfant a le cerveau "en grande partie détruit". Et l'espoir de le voir mener une vie convenablement s'amenuise avec le temps:

"On a vu les centres pour ces enfants. Ils étaient dans des fauteuils roulants, la tête pendante, c'était une horreur pour moi. Je ne voulais pas voir mon fils comme ça jusqu'à la fin".

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"Mon fils n'était ni mort, ni vivant, il était dans un autre monde", se souvient Anne Ratier.

Peu avant les trois ans de son fils, elle prend la décision de l'euthanasier: "A la mort de mon père, j'ai décidé de lui donner la mort. Je m'occupais exclusivement de mon fils. On essayait de trouver de l'espoir. Un jour, mon père m'avait dit: 'Tant que tu as de l'espoir, continue mais le jour où tu n'auras plus d'espoir, je partirai avec cet enfant parce que je veux le délivrer. Vos vies ne doivent pas être détruites'. Je ne voulais pas demander ce sacrifice à mon père".

"Je ne sais pas quelle mère peut accepter que son fils puisse vivre avec le cerveau détruit, dans une coque qui va évoluer, cela jusqu'à la fin, qui va le supporter?", s'est-elle interrogé.

"La mort était le seul remède"

Aujourd'hui, elle raconte son expérience dans son livre J'ai offert la mort à mon fils, elle assure être bien consciente l'aspect juridique de ses actes:

"Je n'ai pas dit que j'étais au-dessus des lois. Mais quand on met en balance, la prison et cette délivrance, pour moi, la mort, c'était le seul remède. Nous aurions pu vivre une autre vie parallèle, le laisser dans un centre. Mais quel sens cela a-t-il?"

Anne Ratier a aussi été "très touchée" par certaines réactions à son témoignage: "J'ai été touchée par certaines réactions de handicapés qui l'ont pris pour eux. Ce n'est pas ça. Je ne parle pas pour blesser les handicapés, je transmets mon expérience".

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Paulina Benavente