"Il y a des interrogations sanitaires et environnementales": le déploiement de la 5G cristallise les tensions politiques
Antennes prises pour cibles au Royaum-Uni, accusation de liens avec le Covid-19, la 5G et ses antennes continuent de diviser. Cette fois le débat s'intensifie en France où Bruno Le Maire le ministre de l'Economie a défendu lundi le déploiement de la technologie estimant que ce serait "une erreur dramatique" de ne pas le faire, alors que l'attribution des fréquences de cette technologie doit débuter à la fin du mois. "C'est indispensable que nous déployions la 5G. On ne va pas faire ce cadeau à nos adversaires ou à nos rivaux économiques de prendre du retard sur le déploiement de la 5G. Ce serait une erreur dramatique pour le pays. Ça nous priverait d'avancées en matière médicale, de gestion des flux d'énergie, de gestion des transports", a assuré Bruno Le Maire sur France 2.
Le déploiement de la 5G divise au sein de la classe politique, certains craignant que la France prenne un retard technologique conséquent quand d'autres avancent des risques environnementaux et sanitaires. Dimanche, 70 élus écologistes et de gauche, dont Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, ont demandé un moratoire sur le sujet, estimant que le déploiement se faisait trop tôt, "sans étude d'impact climatique et environnemental ni aucune consultation préalable", demandant le report du déploiement, au moins jusqu'à l'été 2021.
"Il y a plein d’interrogations sanitaires et environnementales. Les besoins de la 5G ne sont pas affirmés. Il n’y a pas de demande de la population mais seulement de l’industrie. On demande un moratoire le temps que les études se fassent. L’impact environnemental va pousser à changer les téléphones et beaucoup d’équipements, ce qui va polluer", prévient sur RMC Damien Carême, eurodéputé EELV et signataire de la lettre ouverte demandant un moratoire.
"L'eau courante, on a fait une étude d'impact ?"
"Je suis très peinée que seuls les écolos et les Insoumis aient signé cette tribune. Il faut se poser la question de l'utilité d'avoir encore plus de données et de rapidité alors que la plupart c'est uniquement pour des loisirs", croit savoir Barbara Lefebvre sur le plateau des "Grandes Gueules". "Est-ce qu'on a fait des études d'impact environnemental ? Il y en a à faire!".
Une étude de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) est d'ailleurs en cours pour déterminer notamment si les bandes de fréquences, 3,5 GHz et 26 Ghz, utilisées par la nouvelle technologie présentent des risques pour la santé et l'environnement: "Plus la fréquence des ondes électromagnétiques augmente, plus les ondes sont absorbées par les couches superficielles de la peau. Ce qui fait diminuer la profondeur de pénétration de ces ondes dans l’organisme", rappelle l'Anses.
"On avait fait une étude d'impact avant l'arrivée d'internet chez les gens ? L'eau courante, on a fait une étude d'impact ? C'est dangereux ?", ironise de son côté Charles Consigny. "Je regarde les forces à l'œuvre, le maire de Bordeaux et le maire de Lyon, Jean-Luc Mélenchon et Alexis Corbière les hommes politiques les plus visionnaires de notre époque qui défendent Cuba et Maduro, c'est ça qui s'oppose à la 5G!".
"Parce que c'est du loisir, ça doit avoir moins voix au chapitre ? On va vers une société triste et qui ne progresse pas. Dire que la 5G n'aura pas d'avantage par rapport à la 4G qui existe déjà, cela n'a pas de sens. Le progrès technologique est peut-être ce qui nous sortira de toutes les ornières dans lesquelles on est (...) Le progrès médical il faut y revenir ? On est dans un naufrage intellectuel et un réflexe réactionnaire où l'on s'oppose à un progrès technique évident", ajoute-t-il.