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"J'ai saisi une opportunité": le neurologue qui a interpellé Emmanuel Macron explique son geste

Le Professeur François Salachas était l'invité des Grandes Gueules ce vendredi. La veille, il avait interpellé face aux caméras le chef de l'Etat sur la crise de l'hôpital public.

Emmanuel Macron a été interpellé par un médecin lors de sa visite de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière jeudi à Paris, où est décédé le premier Français victime du coronavirus. Sans agressivité mais avec insistance, le Professeur François Salachas à mis l'accent sur la nécessité de sauver l'hôpital public.

"Nous sommes au bout (...) Sans injection de moyens rapides, nous ne pourrons pas faire face à ce type de crise", lui avait lancé le neurologue, un des membres du collectif inter-hôpitaux, assurant que c'est "le moment opportun pour le président de la République d'agir".

"Non, il n'y a pas eu de préparation, ça fait quand même plus de deux mois qu'on lui demande un rendez-vous"

Le docteur était l'invité des Grandes Gueules sur RMC ce vendredi et a expliqué pourquoi il a interpellé le chef de l'Etat de la sorte. Un geste spontané selon lui.

"Non, il n'y a pas eu de préparation, il y a eu le fait de saisir une opportunité. Ca fait quand même plus de deux mois qu'on lui demande un rendez-vous. A lui, car on a bien compris que c'est lui qui arbitrera, si arbitrage il y a, les revendications de ce collectif qui sont ni plus ni moins de financer l'hôpital à hauteur des charges. Car chaque on demande des économies à l'hôpital. 8 milliards sur huit ans."

Après avoir illustré le fait que ces économies sur son service font que sur 15 infirmiers spécialisés dans son domaine il se retrouve à trois infirmiers, parfois intérimaires donc pas spécialisés dans son domaine.

"Agnès Buzyn a été très habile, c'est à dire qu'elle a désinformé complètement sur son plan de santé 2022"

Il en a profité pour tacler l'ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, aujourd'hui candidate à la mairie de Paris.

"Agnès Buzyn a été très habile, c'est à dire qu'elle a désinformé complètement sur son plan de santé 2022 qui devait tout résoudre. Elle a eu un déni majeur concernant l'urgence corriger les choses (ce qu'elle fini par faire ndlr). Les annonces du 20 novembre sont un bel exemples de désinformation.
L'endettement des hôpitaux ne date pas d'hier. Les différents gouvernements ont dit, 'si vous voulez investir, endettez-vous, mais ce sera votre dette à vous, pas celle de l'Etat'. Les 35 heures ont également été très mal appliquées. C'était une bonne idée mais il fallait embaucher à la hauteur mais ce n'est pas ce qu'il s'est passé, ça coûtait probablement trop cher."

"Sur un hôpital fragilisé le risque de ne pas pouvoir répondre correctement à la crise sanitaire est majeur"

Avec le coronavirus, une crise se rajoute à la crise, mais pourra-t-on y faire face ? Le professeur de médecine n'en est pas sûr.

"Tout dépendra de la crise. A ce jour, personne n'est capable de dire quelle sera l'ampleur de l'épidémie. Sur un hôpital fragilisé le risque de ne pas pouvoir répondre correctement à la crise sanitaire est majeur."
J.A.