"Je ne me vois pas à 63 ans mettre mon réveil à 3h du matin pour conduire mon bus": un agent RATP explique pourquoi il va faire grève demain

La journée de vendredi s’annonce très compliquée pour les usagers de la RATP ce vendredi. Sept syndicats dont les trois principaux ont appelé à la "mobilisation générale" contre la réforme des retraites.
La direction de la RATP a communiqué mercredi soir sur les lignes qui seront perturbées par ce mouvement de grève. Au total, pas moins de 10 lignes de métros seront interrompues.
"En onze ans de carrière, c’est la première fois que je suis gréviste. Les conditions se dégradent de jour en jour. Pour ma part, je suis chauffeur de bus au dépôt de Créteil. Pour une fois, c’est une grève qui va être très suivie. On est en train de perdre tous nos avantages. Il faut aussi connaître nos conditions de travail. L’année dernière, j’ai fait 25 dimanches, et plus d’une trentaine de samedis. Les repos, on nous laisse une coupure que de onze heures", explique Adrien, agent RATP en Seine-et-Marne.
Plus forte mobilisation depuis 2007
Il admet que c’est un avantage de partir plus tôt à la retraite.
"Mais je ne me vois pas à 62-63 ans mettre mon réveil à 3 heures du matin pour aller prendre mon bus. Mon métier me plaît. En onze ans de carrière, je n’ai jamais eu un jour d’arrêt maladie. C’est vrai que quand je suis entré à la RATP j’ai pensé aux avantages. Comme c’est une grande entreprise, mondialement connue, on se sent à l’abri. Sauf que depuis le 1er janvier 2009, les contrats ne sont plus du tout les mêmes", affirme-t-il.
"On est entré dans cette entreprise avec un contrat social. Et on nous dit, vous allez avoir des contraintes, vous serez beaucoup moins payés, vous travaillerez la nuit, le week-end, mais vous pourrez partir un petit peu plus tôt. Or, là, on nous casse le contrat. On conserve les contraintes et on perd nos avantages", explique Thierry Babec, syndicaliste à l’UNSA-RATP.
C'est la plus forte mobilisation à la RATP depuis la grève du 18 octobre 2007 contre la réforme des régimes spéciaux de retraite sous la présidence de Nicolas Sarkozy.