Laïcité: "Nous n'avons pas besoin de changer la loi de 1905", dit Jean-Louis Bianco

Jean-Louis Bianco, ce lundi dans les Grandes Gueules. - RMC
Le différent est oublié. Mis en cause par le Premier ministre Manuel Valls pour avoir signé une tribune contre le terrorisme avec des membres controversés du Collectif contre l'islamophobie et le rappeur Médine (qui veut "crucifier les laïcards"), le président de l'Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, a assuré ce lundi sur RMC que l'incident était "clôt". "On ne peut pas signer des appels, y compris pour condamner le terrorisme, avec des organisations que je considère comme participant d'un climat (nauséabond), ça n'est pas possible", avait réagi le Premier ministre après la publication en novembre dans Libération de cet appel intitulé "Nous sommes unis". "J'ai vu le Premier ministre vendredi pour entretien très cordial d'une heure. Et l'observatoire continue avec le même président, donc je considère que l'incident est clôt", a expliqué Jean-Louis Bianco.
"Je ne suis pas la police de la pensée"
Le président de l'Observatoire de la laïcité a tout de même profité de son passage dans les Grandes Gueules pour rappeler que cet appel avait été signé par "la présidente de la Commission consultative des droits de l'homme, le président du Conseil économique et social, le secrétaire général de l'enseignement catholique, un ancien grand maître du Grand orient, le Grand rabbin, la Fondation Abbé Pierre…" Et à propos des personnalités mises en cause par Manuel Valls, le président de l'Observatoire de la laïcité répond : "Je ne contrôle pas les gens qui acceptent de signer, je ne fais pas de contrôles d'identité. Je ne suis pas la police de la pensée. S'ils ont des choses à se reprocher ou s'ils ont porté atteinte aux valeurs de la République, il y a les tribunaux".
"Il y a des pressions communautaristes mais c'est minoritaire"
Jean-Louis Bianco a également rejeté les accusations d'angélisme portées par certaines personnalités de gauche. "(Avec l'Observatoire), nous avons défini avec netteté les frontières de la laïcité, ce qu'elle permet et ce qu'elle ne permet pas. La laïcité, il faut l'appliquer avec fermeté et sérénité", insiste son président. Ce qui ne l'empêche pas de critiquer ceux qui, dit-il, "ont intérêt à dire que tout va mal". "Oui, la laïcité est en danger à cause de certains comportements: des pressions communautaristes, la volonté d'imposer sa loi aux autres, le fait de vouloir par exemple des horaires séparés pour les femmes et les hommes dans les piscines..."
"C'est une réalité, mais au risque de décevoir les partisans du tout va mal, c'est une réalité heureusement minoritaire. Il faut la combattre, mais c'est minoritaire".
"La loi de 1905 ? Les principes sont clairs"
Pour Jean-Louis Bianco, il n'y a ainsi aucune raison de modifier ou d'adapter la loi de 1905, qui instaure la séparation de l'Église et de l'État. "Les principes sont clairs, que voulez-vous rajouter dans la loi ?", interroge Jean-Louis Bianco, qui note par ailleurs que "toutes les propositions de loi sur la table sont des propositions d'interdiction, qui vont à l'encontre de la liberté induite par la laïcité : interdiction pour les foulards des mamans qui accompagnent les sorties scolaires, interdiction du voile à l'université... Nous nous calons sur le droit. On peut avoir un avis différent, mais si on touche à la loi ce sera pour (introduire) des lois d'interdiction".
Il rappelle que la laïcité, c'est "la liberté de croyance et de religion jusqu'aux limites où ça ne trouble pas la liberté d'autrui. Il n'y a pas besoin d'adapter la laïcité, c'est (aux religions) de fonctionner dans le cadre de la laïcité".
"Moi je crois toujours au modèle français, qui consiste à dire que la laïcité rassemble, qu'elle permet d'avoir des différences et les respecter", conclut Jean-Louis Bianco.