RMC
Les Grandes Gueules

Magot de Raymond Barre: "A son époque, on parlait très librement de la manière de 'baiser' l'État"

placeholder video
Une information judiciaire est ouverte depuis le 29 avril 2016. L'ancien Premier ministre est soupçonné d'avoir caché de l'argent sur un compte en Suisse.

L’ancien Premier ministre français Raymond Barre a représenté la rigueur tout au long de sa carrière politique. Pourtant selon une source judiciaire qui confirme une information du Canard enchaîné, l’homme aurait caché de l’argent en Suisse. Une information judiciaire est ouverte depuis le 29 avril 2016. L’ancien maire de Lyon, est soupçonné de blanchiment et de fraude fiscale

Ces investigations ont démarré à la suite d'un signalement de la Direction générale des finances publiques (DGFiP), a précisé cette source. L'hebdomadaire précise que l'affaire a débuté avec l'envoi au fisc, par un informateur en 2013, d'une copie d'écran du réseau interne de la banque Crédit Suisse. Y figurent notamment le nom de Raymond Barre et deux mentions manuscrites: un numéro de compte et un montant de 11 millions de francs suisses, "confirmé depuis par les enquêteurs", souligne le journal.

Cette somme représentait l'équivalent de près de 7 millions d'euros, au moment du décès de Raymond Barre, en 2007.

"Qu’est-ce qui ne fonctionne pas dans notre pays ?"

Selon Fatima Aït Bounoua, "c’est inquétant". "Si celui qu’on présentait comme le meilleur économiste de France, et en plus un ministre, met son argent hors de France, quel est le message pour nous ? On peut se poser la question de ce que ça veut dire. Qu’est-ce qui ne fonctionne pas dans notre pays ?", se demande-t-elle. 

Cependant, l’avocat Gilles-William Goldnadel, rappel qu’il faut restituer ces actes dans une époque bien précise.

"À l’époque de Raymond Barre c’était un sport national. On en parlait à table. On parlait très librement de la manière de ‘baiser’ l’État. À l’époque, on n’était pas dans la transgression morale lorsqu’on essayait de cacher de l’argent", explique l’avocat. 

Le Canard enchaîné affirme que les fils de l'ex-maire de Lyon, et troisième homme de l'élection présidentielle de 1988, ont depuis payé près d'un million d'euros pour régulariser leur situation fiscale.

Guillaume Descours avec AFP