RMC

Mathieu Kassovitz: "Je ne suis pas le connard que je donne l’impression d’être"

Mathieu Kassovitz était l'invité du "Grand Oral" des Grandes Gueules ce mardi 30 janvier. Pour lui, le cinéma est devenu une véritable industrie, qui a perdu de son intérêt.

Une fois encore, la "grande gueule du cinéma", Mathieu Kassovitz, n'a pas eu sa langue dans sa poche, ce mardi 30 janvier dans les Grandes Gueules. Venu présenter son nouveau film, Sparring, il a avoué rendre "fou" les producteurs avec ses nombreuses prises de positions.

"Ils voient bien que je ne suis pas le connard que je donne l’impression d’être. Je donne une voix à tous les gens qui ont envie de gueuler et qui ne peuvent pas. Je sens que ça fait du bien à des gens quand j’insulte un politicien, plein de gens disent ‘ah merci’. (…) J’ai 50 balais, j’ai toujours pensé comme ça et surtout, je ne peux plus revenir en arrière".

"Le cinéma que j’aime n’existe plus" 

Regrettant le cinéma d'autrefois, il a égrainé les reproches vis-à-vis de cet art qui est pour lui devenu une véritable industrie.

"Je viens d’une époque avant le digital où il y avait trois chaînes de télé et le cinéma était très important parce qu’il transmettait un message qu’on ne trouvait nulle part ailleurs. C’était un média alternatif. En 30 ans, le cinéma a changé et est devenu un produit purement de consommation, qui n’a plus aucune valeur réelle, qui n’existe plus. (…) Malheureusement, le cinéma que j’aime n’existe plus aujourd'hui et n’a plus vraiment de raison d’être".

Pour lui, un film comme La Haine, n’aurait de nos jours, pas la reconnaissance qu’il a eu à l’époque de sa sortie.

"Créativement, je me sens seul"

Le réalisateur a aussi regretté qu’en France, il y ait "un tel manque de créativité", qu'il a en partie attribué aux ordinateurs qui effacent "le rôle d’artisan" du réalisateur. "Je vais arrêter tous mes réseaux sociaux parce que je n’y vois plus d’intérêt, J’ai pas envie de vendre des tee-shirts. J’en ai même marre de faire de la promo. Moi, ça ne me va pas", a-t-il ajouté.

"Parmi tous ces films qui n’ont aucun intérêt, certains ont fait 3 ou 4 millions d’entrées, sont des succès énormes et font vivre le cinéma et c’est tant mieux. Moi, créativement, je me sens seul. Je ne trouve pas de réalisateurs qui me surprennent où je me dis 'wow', une nouvelle utilisation de la caméra ou du scénario. Il y en a très peu. Je suis malheureux de ça mais je ne dis pas que je suis le meilleur ou quoi que ce soit".

"J’accepte que des films de piètre qualité fassent d’aussi grands succès"

Sur RMC, Mathieu Kassovitz est donc revenu sur sa position d'outsider, déplorant un cinéma "autocentré".

"Vous savez, moi je vis dans l’Est de Paris et il n’y a pas beaucoup de gens du cinéma là-bas. Ceux que je croise me disent, ça ne m’étonne pas que tu sois là. Le reste, ils sont tous dans le 8ème ou dans le 16ème. Ça vit très centré. Je refuse d’aller aux avant-premières parce que quand tu y vas, tu es obligé de dire du bien du film que tu es allé voir. Si tu en dis du bien, le réalisateur va y croire, les acteurs vont y croire, vont devenir tes amis, tu vas devenir l’ami de leurs amis, tu vas aller à leurs avant-premières et tu vas aimer tout. C’est pas que je n’aime rien, il y a plein de films que j’adore. (…) après j’accepte que des films de piètre qualité fassent d’aussi grands succès".
C.P. avec les Grandes Gueules