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"On ne que fait des petits chèques dans l'urgence": Thomas Porcher dénonce l'inaction politique sur le carburant

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Les prix des carburants atteignent des records ces dernières semaines. Un problème qui va revenir "de manière récurrente" selon l'économiste Thomas Porcher, à cause d'un manque de "vision politique à long terme" depuis longtemps.

Produit hautement inflammable, également au niveau des prix. L'essence atteint des prix records ces derniers jours. Carburant le plus utilisé en France, le gazole s'est vendu la semaine précédente à 1,6214 euro le litre en moyenne, au plus haut, selon les chiffres hebdomadaires du ministère de la Transition écologique.

Le précédent pic des prix avait eu lieu en 2018, un peu plus d'un mois avant le début du mouvement des "gilets jaunes": le litre s'échangeait alors pour 1,5331 euro le 12 octobre.

Le sans-plomb est également touché par ces records. En hausse constante ces dernières semaines, les prix ont dépassé depuis octobre 2021 le précédent record, remontant à août 2013.

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"Il n'y a pas trop de marge de manoeuvre en réalité"

Alors que c'est un sujet très sensible, d'autant que l'élection présidentielle approche, faut-il bloquer les prix pour sauver ce qu'il reste du pouvoir d'achat des Français? 

En novembre-décembre, durant la dernière flambée des prix, l'exécutif avait fait le choix d'une "indemnité classe moyenne" défiscalisée de 100 euros, qui a été versée en décembre à 38 millions de Français gagnant moins de 2.000 euros net par mois.

L'économiste Thomas Porcher estime dans Les Grandes Gueules, ce mercredi sur RMC et RMC Story, que cette hausse est partie pour durer tant que les prix du baril de pétrole ne baissent pas sensiblement.

"On peut bloquer les prix, on peut utiliser les réserves stratégiques. On a trois mois de réserve donc on peut faire diminuer très légèrement les prix. Mais il n'y a pas trop de marge de manoeuvre en réalité."

Pourquoi les prix augmentent?

En ce qui concerne les risques de mouvements sociaux, il rappelle en revanche que la cause de la hausse n'est pas la même qu'à l'époque des "gilets jaunes".

"A ce moment-là l'augmentation était due à l'augmentation des taxes, la taxe carbone. Là, c'est quand même dû à l'augmentation du pétrole. Le marché est très tendu. La demande est dopée, les investisseurs n'ont pas peur d'Omicron et parient sur la croissance économique, ce qui fait que la demande est dopée sur les marchés financiers. Avec pour conséquence, les prix qui grimpent."

"On ne réagit que dans l'urgence, on a la même fiscalité qu'il y a 13 ans"

Thomas Porcher reproche aux responsables politiques de n'avoir rien fait ces dix dernières années, alors que le PDG de Total avait prévenu sous Nicolas Sarkozy en 2011 que si les choses continuaient comme ça, un jour le carburant atteindrait "inévitablement" les deux euros au litre. Le président de la République avait dénoncé des propos "indécents", mais finalement Christophe de Margerie avait raison. 

"Cela fait plus de dix ans. Qu'a-t-on fait depuis? Est-ce qu'on a essayé de changer la fiscalité? On ne réagit que dans l'urgence. On a la même fiscalité qu'il y a 13 ans. On fait des petits chèques, mais on ne change rien. Il y a un vrai problème de fond et de vision politique à long terme car ce problème va revenir de manière récurrente", conclut-il.
J.A.