Rencontre Trump-Macron: "L'axe Paris-Washington n'a jamais été aussi fort"

Les divergences de fond n’ont pas empêché les actes de camaraderie entre Donald Trump et Emmanuel Macron ces derniers jours. Le président de la République française est le premier dirigeant étranger à effectuer une visite d'Etat aux Etats-Unis sous la présidence Trump, et il a tout fait pour nouer une relation étroite avec un homologue dont la vision du monde est pourtant diamétralement opposée à la sienne.
Qui est sorti vainqueur de cette rencontre ? Macron, Trump ou les deux ? Jean-Eric Branaa, maître de conférences à Paris 2 et spécialiste des USA était l’invité des Grandes Gueules ce mercredi, a tenté de compter les points et estime que les deux y trouvent leur compte.
"Il a surtout remonté le rôle de la France au niveau international"
“Donald Trump se débrouille bien face à son opposition en prouvant qu’il a des amis extérieurs, et face à son électorat et à l’opinion publique il montre qu’il fait du bilatéralisme. Mais Emmanuel Macron est également vainqueur car il a eu la première visite d’Etat d’un dirigeant étranger. Et il a surtout remonté le rôle de la France au niveau international, on n’aurait pas parié là-dessus avant son élection pour un novice en politique.”
Mais certains se demandent s’il est parvenu, plus que loin que la communication officielle, à le faire infléchir sur les sujets de fond derrière les portes closes.
"C’est ça qui lui permet d’avoir le respect de Trump, car justement il ose ‘la ramener’"
“Déjà on voit c’est qu’il lui a parlé des problèmes, donc il a osé lui tenir tête. C’est déjà pas mal car beaucoup de gens sur la planète n’osent plus tenir tête à Donald Trump, en ont peur. Les places diplomatiques étaient affolées quand il a été élu car elles ne savaient pas comment lui parler. La presse américaine dit même que c’est ça qui lui permet d’avoir le respect de Trump, car justement il ose ‘la ramener’.”
Ces marques de respect mutuel sont elles factices ou marquent-elles un tournant dans la relation entre les deux pays ?
“Je pense que l’axe Paris-Washington n’a jamais été aussi fort, et je pèse mes mots. George Washington avait adopté Lafayette et Rochambeau car les deux lui avaient prêtés allégeance. Je ne dis pas qu’emmanuel Macron a prêté allégeance à Trump mais il y a eu des images très fortes.”
"Macron joue à un jeu dangereux" vis-à-vis des autres dirigeants européens
Du coup des points négatifs il trouve tout de même la relation “très paternaliste”. “Elle s’inscrit dans ce que fait Donald Trump, c’est un affectif. Les Américains sont souvent comme ça. L’amitié ils la donnent, ils donnent profondément. Et Trump est dans cet état d’esprit.”
Et il tire la sonnette d’alarme en plaçant le prisme européen dans la balance, estimant que les autres places fortes européennes peuvent voir cet relation d’un mauvais oeil à l’heure où Macron donne des leçons sur l’Europe à tout le monde.
“Macron a joué à un jeu qui pourrait s’avérer dangereux . Les autres pays européens auront sûrement un regard plus mitigé sur cette rencontre en se disant: ‘Ne serait-il pas en train de faire cavalier seul. Qu’est-ce qu’il veut nous faire, après nous avoir fait la leçon, nous avoir expliqué qu’il voulait plus d’Europe”.