Sarah Ourahmoune, ancienne championne de boxe: "Lors de mon premier combat, on m'a crié 'retourne dans ta cuisine!'"

Ce mardi, c'est Sarah Ourahmoune qui passait le Grand Oral des GG. La jeune femme de 37 ans est la boxeuse française la plus médaillée vice-championne Olympique aux Jeux de Rio 2016, championne du monde en 2008, triple championne de l'Union européenne et dix fois championne de France.
Un parcours prestigieux sur lequel elle revient dans son livre Mes combats de femme (Éditions Robert Laffont). Lorsqu'elle commence la boxe en 1996, Sarah Ourahmoune a 14 ans et les femmes ne sont pas nombreuses dans les salles d'entraînement: "En venant dans une salle de boxe, on devait titiller l'orgueil de certains. A la salle, j'avais des remarques, on me disait que c'était trop dur, qu'il y avait des cours de danse ou de basket qui seraient mieux pour moi".
Mais si la jeune femme se laisse tenter par l'aventure, c'est grâce à son ancien entraîneur Saïd Bennajem: "Il m'a parlé de boxe en me parlant du noble art, de l'escrime des poings, il a su me vendre cette discipline avec amour et séduction. Pour lui c'était toucher sans se faire toucher, des stratégies de jeu. Je me suis laissée tenter sans penser que ça allait me plaire".
"C'était un milieu de mecs"
Mais Sarah Ourahmoune se laisse prendre au jeu: "J'ai adoré parce qu'il y avait une super ambiance dans cette salle, qu'il avait un discours intelligent et que je m'amusais. C'était un milieu de mecs. Il n'y avait pas de femmes dans les salles, elles n'ont pas eu le droit de boxer en compétition jusqu'en 1999. Au Canada, c'était en 1939".
Elle se souvient de son premier combat:
"En 1999 quand j'ai fait mon premier combat, c'était lors d'une grosse soirée boxe à Elancourt. La salle était pleine à craquer. Les gens n'étaient pas habitués à voir des femmes sur un ring. Il fallait passer sur un podium pour accéder au ring et quand je passe sur ce podium, quelqu'un me crie 'retourne dans ta cuisine'. Moi j'étais dans un moment très stressant, j'étais éblouie par les lumières, j'étais dans ma bulle. (…) Pendant un combat on vit des émotions presque inexplicables. Pendant trois ans je me suis entraînée et je voyais mes collègues boxeurs qui revenaient très heureux de leurs combats. Le ring c'est le sérum de vérité, on voit ce qu'on a un peu dans les tripes".