Suicide de Dinah, harcelée au collège: "Nous ne sommes pas assez nombreux et formés face aux harcèlements scolaires", plaide une surveillante
Une marche blanche organisée à Mulhouse dimanche, en mémoire de Dinah, 14 ans, qui s’est suicidée alors qu’elle était harcelée par ses camarades de collèges. Selon sa famille, son harcèlement aurait duré pendant plus de deux ans en raison de son orientation sexuelle, avant de mettre fin à ses jours, le 5 octobre dernier.
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L'enquête doit encore déterminer s'il y a bien un lien direct entre le harcèlement qu'elle a subi et son suicide. Le parquet de Mulhouse à annoncé l'ouverture d'une enquête "pour recherche des causes de la mort".
Pour la famille de Dinah, la direction du collège de leur fille était au courant de l'enfer qu'elle vivait. Harcelée en classe, par téléphone, sur les réseaux sociaux, la jeune adolescente de 14 ans était isolée, au point de tenter une première fois de se suicider en mars dernier.
Alors dans ce genre de situation, le collège est-il responsable?
Pour Céline, surveillante dans un collège, si le collège “était au courant et s’est contenté de botter en touche en disant que c’était des gamineries je trouve ça extrêmement grave”, indique-t-elle dans les Grandes Gueules.
Selon elle, ce type de réponse n’est pas possible à l’heure actuelle avec les précédents qu’il y a déjà eu sur la question du harcèlement scolaire.
“Pour avoir travaillé dans trois collèges différents, y compris en REP, ce genre de réponse me semble impensable face à un parent, face à une famille. Maintenant ce qui me semble important, c’est de prendre un peu de hauteur par rapport à ce qu’a vécu cette gamine, et même au-delà de ça, de manière générale, par rapport à ce qui peut se passer dans les établissements au niveau du harcèlement. Tous les ans il y a des interventions dans les classes, il y a des interventions de la part de la police, de la gendarmerie, d'éducateurs, d’associations. Et puis la réalité, même si ça peut être difficile à entendre, c’est qu’en tant que surveillant, nous ne sommes pas suffisamment nombreux et suffisamment formés”, explique-t-elle.
Une plainte contre l'établissement
Elle juge également, en tant que surveillante, que le métier souffre d’un manque de formation voire de professionnalisation.
“C’est un métier qui n’est absolument pas professionnalisé ce qui veut dire qu’il y a autant des gens avec de l’expérience, qu’avec des jeunes qui ont 19, 20 ans. La seule condition pour devenir surveillant, c’est d’avoir le Bac. Sauf que ça, c’était valable il y a peut-être 20 ou 30 ans. Aujourd’hui, la société évolue, les jeunes ne sont plus les mêmes et ça, il faut l’avoir en tête”, ajoute-t-elle.
La famille de Dinah accuse la direction de s'être moqué du harcèlement de leur fille et annonce porter plainte contre l'établissement.