RMC

Supprimer l'ENA? "L'ENA forme des élites républicaines, il faut des élites"

Depuis 1945, l'ENA forme les hauts fonctionnaires.

Depuis 1945, l'ENA forme les hauts fonctionnaires. - Patrick Hertzog - AFP

Bruno Le Maire, candidat à la primaire de la droite souhaite la suppression de l'Ecole nationale de l'administration dans laquelle il a été formé. Une idée récurrente à laquelle s'est opposé Bernard Debré dans les Grandes Gueules jeudi, dont le père Michel Debré est à l'origine de la création de l'ENA.

S'il est élu, Bruno Le Maire candidat à la primaire organisée par Les Républicains promet de supprimer l'ENA. D'après lui, l'école nationale de l'administration a certes "formé des fonctionnaires de grande qualité" mais a désormais rempli son office. Pour le député de l'Eure, pourtant lui-même sorti de l'ENA en 1998, il est temps que la haute administration reprenne "sa juste place" alors qu'un monde nouveau s'ouvre, "celui des entrepreneurs, de la créativité, de l'innovation". 

Cette idée, régulièrement avancée par des politiques de tous bord est "absurde" pour le député LR Bernard Debré, dont le père Michel Debré a participé à la création de l'ENA en 1945.

"Il faut supprimer Polytechnique, l'ENA, l'école de la magistrature, il faut supprimer tout ce qui réussit! (...). L'ENA forme des élites républicaines, oui il faut des élites", estime-t-il dans les Grandes Gueules. 

La démarche de Bruno Le Maire n'est d'ailleurs pas dénuée d'une certaine hypocrisie relève le député.

"Il veut supprimer l'ENA, il en sort. Il dit je ferme la porte pour que personne n'entre où je suis entré, c'est absurde. Nous avons une école qui est imitée dans le monde entier (...) On ne peut pas dire que ça ne marche par l'Ena, ça fonctionne bien", poursuit l'élu de droite. 

"Il faut que cette élite soit accessible à tout le monde"

Bruno Le Maire n'est évidemment pas le seul homme politique à être passé par l'ENA. François Hollande est lui-même issu de la promotion Voltaire comme Ségolène Royal, Jean-Pierre Jouyet ou Michel Sapin. Des proches qu'il n'a pas hésité lui-même à placer à des postes à responsabilité. L'ENA ne serait donc qu'une antichambre de la politique? Un cliché pour Bernard Debré. 

"L'ENA forme des élites qui vont soit faire marcher des grandes entreprises, soit faire de la politique. Mais il y en a très peu, il y en a 5%."

Bernard Debré met en avant la qualité des fonctionnaires passés par l'ENA et dont s'entourent souvent les ministres dans leurs administrations. "Ce n'est pas anodin, c'est qu'ils trouvent que ce sont des gens intelligents, bien formés", juge le député. L'ENA est également critiquée pour le formatage qu'elle opérerait sur ses élèves dont certains se retrouvent à des postes de responsabilité.

Mais pour la Grande Gueule Marie-Anne Soubré, l'ENA participe avant tout à la reproduction sociale, formant des fonctionnaires du même milieu et parfois des mêmes familles, excluant les plus modestes. Une critique qu'entend Bernard Debré mais qu'il observe aussi dans d'autres domaines, comme l'Education nationale. Il reconnaît toutefois qu'il faut continuer à oeuvrer pour une plus grande démocratisation de l'ENA. "Qu'on réforme, qu'on essaye d'ouvrir l'école, je suis d'accord, mais c'est une très bonne école (...). Il faut que cette élite soit accessible à tout le monde."

C. B avec les Grandes Gueules