"T’as pas un joint?": avec ses dreadlocks, elle a subi des "réflexions" et des "préjugés"

Le sujet est arrivé jusque dans l’hémicycle. Et la proposition de loi contre la discrimination capillaire a été adoptée. Le texte du député guadeloupéen Olivier Serva (groupe indépendant Liot) a été largement voté ce jeudi en première lecture, par 44 voix contre 2, avant d'être transmis au Sénat où l'accueil que lui réservera la majorité de droite et du centre est incertain.
"En France, la discrimination reposant sur l'apparence physique est déjà punie en théorie", a convenu le député Serva. "Mais de la théorie à la réalité, il y a un gouffre", a-t-il souligné, en plaidant pour "clarifier" une "loi mal comprise ou mal appréhendée". Olivier Serva a évoqué "les femmes noires qui se sentent obligées de se lisser les cheveux" avant un entretien d'embauche, "les personnes rousses, victimes de nombreux préjugés négatifs", ou les "hommes chauves".
"Il faut tout le temps qu’on justifie quelque chose"
"J’ai toujours eu des remarques sur mes cheveux, confie Mariel (51 ans), agent hospitalier, dans Les Grandes Gueules ce vendredi sur RMC et RMC Story. Historiquement, avec mes parents, on les lissait pour faire bien, plus propre, plus joli… Quand j’ai choisi d’avoir des locks, à un certain âge, je me suis pris à mon travail: ‘T’as pas un joint?’, ‘Tu fumes?’. Alors que je ne bois pas, que je ne fume pas, je me tape des réflexions…"
"Mes locks, ça ne fait pas crado, ajoute-t-elle. A chaque fois, on me ramène à ça. Cette loi, elle n’est peut-être pas importante dans le moment présent, mais elle marque quand même qu’on peut avoir une coiffure qui ne représente pas forcément ce qu’on est. Moi, j’ai des locks mais je ne suis pas rasta, ce n’est pas ce qui me définit. Il y a des préjugés liés à une coiffure. Quand vous êtes petite, que vous entendez ça tous les jours… Quand on est noire, qu’on a des locks, les cheveux qui ne vont pas, on fait comment? Il faut tout le temps qu’on justifie quelque chose. J’ai eu des réflexions de chefs de service, ça arrive."
Pour Joëlle Dago-Serry, "il y a des conséquences" aux discriminations capillaires. "Ce n’était peut-être pas la loi hyper importante à faire maintenant, mais elle met en lumière un problème qui est récurrent et qui emmène parfois à la mort", estime la coach de vie.