Thierry, victime des coups de son beau-père dans son enfance: "35 ans après, je ne m'en sors toujours pas"
"Mon histoire est un combat donc à chaque fois que je peux en témoigner je le fais. Dans l'affaire du petit Tony, les voisins, enfin certains d'entre eux, sont coupables de n'avoir rien dit. Mais la priorité n'est pas là. Moi, je me bats depuis des années pour dire 'Attention à la violence du beau-père dans un remariage'. De même, on dénonce la violence des femmes mais dans cette violence des femmes on ne prend pas en compte la violence faite aux enfants.
La plupart du temps, les enfants sont battus par un beau-père, comme moi je l'ai été. Ils sont rabaissés, ils sont laissés de côté et encore plus quand il y a l'arrivée d'un nouvel enfant. Moi, ça date déjà de 35 ans et je ne m'en sors toujours pas. Je n'ai plus de travail. Je n'ai plus de famille. Mes enfants ne me parlent plus… C'est pour ça que je dénonce ça, parce que la société ne fait rien. Les politiques ont laissé faire.
"Il s'est avéré violent, alcoolique"
La toute-puissance du père, du beau-père, il y a plein de choses qui ne vont pas, qui ne sont pas réglées. Et puis si vous avez une mère qui est plus ou moins complice, qui laisse faire parce que la vitrine, le paraître est plus important que ce qui se passe chez elle. Comment voulez-vous faire quelque chose? Moi ma mère, elle n'a jamais rien dit. Mon père a été tué. Elle s'est remariée avec cet homme-là. Il s'est avéré violent, alcoolique.
Une femme qui subit elle-même la maltraitance, qui a des enfants et qui ne fait rien, qui n'a pas la force de partir, et bien les enfants sont condamnés à avoir une vie d'enfer. Le problème aussi, c'est qu'à l'école, et je le vois encore aujourd'hui, on préfère considérer l'enfant comme un feignant ou comme quelqu'un de perturbé. C'est ce qui a été fait pour moi. Mais c'est faux. On ne voit pas la vérité en face".