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Un conseiller d'Emmanuel Macron déjeune avec Marion Maréchal: "Les 'Macroniens' ont une étrange fascination pour l'extrême-droite"

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Le déjeuner d'un proche conseiller d'Emmanuel Macron et de Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen, a provoqué un tollé dans l'opposition mais également au sein de la majorité.

Le barrage à l'extrême-droite sauf au restaurant? Le 14 octobre dernier le temps d'un déjeuner dans une brasserie parisienne, Bruno Roger-Petit, conseiller mémoire d'Emmanuel Macron a invité Marion Maréchal comme le révèle Le Monde. Cette rencontre entre un proche du président et l'ancienne députée d'extrême droite et nièce de Marine Le Pen a suscité lundi des critiques jusque dans la majorité.

Selon Marion Maréchal, Bruno Roger-Petit a souhaité la rencontrer "par curiosité", par l'intermédiaire d'un "ami commun". Mais l'ancienne élue du Vaucluse juge qu'il n'y a "rien à raconter" sur ce repas qu'elle ne veut pas commenter. De son côté, Roger-Petit a confirmé avoir payé l'addition. Il a rencontré Marion Maréchal "à titre personnel", pour savoir "si elle était en résonance avec l'état de l'opinion - ce qui n'est pas le cas". "J'ai dû constater que nous étions en désaccord. C'est un peu ce que Xavier Bertrand (président ex-LR des Hauts-de-France, ndlr) a fait quand il a rencontré Eric Zemmour", essayiste ami de Marion Maréchal, a-t-il expliqué au Monde.

Mais c'est trop tard pour les explications du côté de l'opposition et même dans les rangs de la majorité, où la rencontre d'un très proche conseiller du chef de l'Etat avec une figure de l'extrême-droite ne passe pas: "Maurras et Pétain n'étaient pas disponibles", a ironisé sur Twitter Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo.

"Le macronisme, face à l'extrême droite, un rempart ? Non, un rencard...", a lancé le député La France Insoumise Alexis Corbière. "Plutôt une passoire", a renchérit Clémentine Autain une autre députée du parti de Jean-Luc Mélenchon.

"Il y a des gens qu'on ne 'sonde' pas 'à titre personnel', on les combat à titre collectif. Marion Maréchal et toute sa clique en font clairement partie", a tranché Astrid Panosyan, cofondatrice du parti présidentiel. "Avec l'extrême droite, on ne discute pas, on ne transige pas. On la combat", a estimé de son côté Hugues Renson, vice-président du groupe LaREM de l'Assemblée nationale.

"Marion Maréchal n'a qu'une obsession, c'est de faire perdre Marine Le Pen"

"Je croyais que Macron avait été élu contre l'extrême-droite. Entre les deux tours Emmanuel Macron avait même fait un déplacement au mémorial de la Shoah comme pour nous dire que c'était soit eux soit les nazis. Et en fait on se rend compte que les 'Macroniens' ont une espèce d'étrange fascination pour l'extrême-droite. On a des déclarations hasardeuses et répétées d'Emmanuel Macron à propos de Pétain. Il y a des appels du pied répétés. C'est comme si au fond ils n'étaient pas si différents de ça", s'est étonné l'avocat Charles Consigny.

Selon lui, ce déjeuner aurait servi à sonder Marion Maréchal, savoir notamment si elle comptait se présenter contre sa tante, Marine Le Pen: "Ils ont peur de perdre contre Marine Le Pen, c'est des apothicaires, mais je ne comprends pas leur petit jeu".

"Marion Maréchal et sa petite troupe n'a qu'une obsession, c'est de faire perdre Marine Le Pen. Ce déjeuner soi-disant secret participe à cet objectif de dégager la tante. Marion Maréchal ne veut pas que Marine Le Pen soit élue", croit savoir de son côté Barbara Lefebvre.

Marion Maréchal, qui a quitté le Rassemblement national et mène une "bataille culturelle" des idées à la tête d'une école de sciences politiques à Lyon, ne sera pas candidate à la présidentielle de 2022 mais ne s'interdit pas de revenir un jour en politique.

Guillaume Dussourt avec AFP