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Un référendum sur le cannabis? "Le pouvoir doit assumer ses politiques, pas se cacher derrière l'opinion"

Le député PS Malek Boutih était l'invité des Grandes Gueules vendredi.

Le député PS Malek Boutih était l'invité des Grandes Gueules vendredi. - -

Le secrétaire d'Etat en charge des relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen s'est prononcé en faveur d'un référendum sur la légalisation du cannabis. Une question qui divise au sein même du gouvernement mais qui ne doit pas passer par un référendum a estimé vendredi Malek Boutih dans les Grandes Gueules.

Jean-Marie Le Guen relance le débat sur le cannabis. Dans une tribune à L'Obs, le secrétaire d'Etat en charge des relations avec le Parlement l'affirme, "il faut un référendum". Déplorant une "loi pénale inefficace" pour lutter contre la consommation de cannabis, il souhaite que la question soit tranchée par les Français et non pas par l'Assemblée nationale. Une idée que ne partage pas le député PS Malek Boutih. "Je pense qu'un pouvoir politique doit assumer ses politiques publiques, il ne doit pas se cacher derrière l'opinion", estime-t-il.

Selon lui, le référendum n'est pas forcément la meilleure option pour débattre de ce sujet qui revient régulièrement sur le devant de la scène politique sans jamais avoir été tranché.

"Le référendum, on voit qu'il peut faire tout et n'importe quoi. En ce moment la démocratie est très très contestée, tout le monde veut décider de tout (...). Moi je suis pour une politique d'un gouvernement qui assume et après les électeurs le sanctionnent ou ne le sanctionnent pas".

Marisol Touraine, la ministre de la Santé considère de son côté que la légalisation du cannabis "doit être débattue dans un cadre plus serein que celui d'une campagne présidentielle" et souhaite avant tout "une vraie évaluation des enjeux". 

L'étatisation du cannabis: "un marché contrôlé par l'Etat"

Les Français font en effet partie des plus gros consommateurs de cannabis qui est d'ailleurs la substance illicite la plus consommée dans le pays. D'après l'Office français des drogues et des toxicomanies, les indicateurs de consommation de cannabis qui s'étaient stabilisés au début des années 2000 sont repartis à la hausse depuis 2011. Preuve pour les partisans de la légalisation de l'inefficacité de la politique répressive. Malek Boutih ne veut toutefois pas aller jusqu'à une légalisation.

"Je ne suis pas pour la dépénalisation mais pour l'étatisation du cannabis. Je ne suis pas pour que ce soit un marché libre, mais contrôlé par l'Etat", indique-t-il.

"Le cannabis c'est comme Tintin: de 7 à 77 ans"

Un modèle qui est déjà appliqué dans d'autres pays en Europe mais aussi dans certains Etats américains qui n'ont pas vu bondir pour autant la consommation de cannabis. Pour Malek Boutih, la société française est prête à accepter le changement.

"Le cannabis, c'est comme Tintin: c'est de 7 à 77 ans. Ce n'est plus comme il y a 30 ou 40 ans. Je pense que maintenant la société française est beaucoup plus mature".

La Grande Gueule Charles Consigny critique la position du député qui contribuerait selon lui à banaliser cette drogue. "Vous présentez comme quelque chose de moderne, quelque chose d'évolué, qui émanerait d'un peuple mature le fait d'autoriser un produit qui rend les gens débiles", soutient-il. "Il y en a un autre qui s'appelle l'alcool", souligne Malek Boutih qui rappelle "qu'il peut y avoir des dangers dans tous les produits", y compris dans le cannabis. Mais le député préférerais que les choses se fassent au grand jour. "En France, tout le monde ferme les yeux mais les dégâts du cannabis se font dans une jeunesse pendant les heures de cours et beaucoup de gens pensent que leurs enfants ne sont pas concernés. Tout ce qui est sous la table est incontrôlable, tout ce qui est sur la table est régulé."

Carole Blanchard avec les Grandes Gueules