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Comment cette avocate a-t-elle fait avouer Guy Georges? Ses confidences sur RMC

Ce mercredi dans M comme Maïtena, l'avocate d'une victime de Guy Georges est revenue sur le procès du serial-killer qui s'est déroulé en 1998. Elle raconte sur RMC comment une histoire de main droite et de main gauche a tout fait basculer.

"Il a été arrêté en 1998 et à ce moment-là, il reconnaît tout en garde à vue. C'est ce qu'on appelle des aveux circonstanciés, c'est à dire des aveux qui décrivent la scène de crime de manière tellement précise que seul un témoin direct pouvait le savoir. 

Après devant le juge d'instruction, pendant les trois ans d'instruction qui ont séparé l'arrestation du procès, Guy Georges n'a rien répondu. Mais il n'a jamais nié. Puis, il est arrivé à son procès avec une nouvelle virginité, des déclarations à faire... 

"On avait en face de soi une sorte d'homme charmant"

Au début du procès il était très souriant, très affable. Il était désolé de ce que c'était passé pour les victimes, plein de compassion, et disait qu'il n'y était pour rien. Il niait tout donc on avait en face de soi une sorte d'homme charmant qui disait qu'on comprendrait bientôt et que c'était une erreur judiciaire.

Il disait qu'on avait mis son ADN sur des scènes de crimes car il savait des choses sur la mort de Bérégovoy. C'était n'importe quoi. 

A l'époque j'avais 30 ans, j'étais dans sa cible, il avait assassiné des jeunes femmes entre 18 et 32 ans aux profils divers mais qui avaient en point commun d'être ancrées dans la vie, qui avaient des projets, qui faisaient des choses... Dès le début du procès, quand je lui posait des questions, il était mal à l'aise. Peut-être que c'était mes questions mais quelque chose se passait. Ce sont les journalistes qui me l'ont dit.

Droitier ou gaucher ?

Il y avait un expert en découpe de vêtements qui est venu nous expliquer pour chaque scène de crime que c'était fait par un gaucher. Et Guy Georges nous disait que ce n'était pas possible, et qu'il était droitier. Je voyais qu'il s'accrochait tellement à ce détail que peut-être l'expert se trompait. Et il se reconstruisait une innocence. Or, j'ai remarqué, grâce d'ailleurs à un de vos confrères, que lorsqu'il prenait les photos des scènes de crimes, il les attrapait effectivement par la main droite. Les regardait avec beaucoup d'intérêt, très longuement, et les faisait défiler avec la main gauche. Et il tenait le micro de la main gauche.

Puis, le vendredi soir, on sentait que le weekend approchait, les journalistes repartaient écrire leurs articles, la salle se vidait un peu. Les juges, les avocats, les familles de victimes se disaient deux jours de pause. Et Guy Georges qui regardait sa montre en se disant que dans une heure on allait le laisser tranquille.

"Il a changé de visage, on a cru qu'il assassinait devant nous une de ses victimes. C'était terrifiant"

A ce moment-là il y a un espace et j'en profite pour poser mes questions. Je lui dis: 

-L'expert en découpe de vêtements a dit que c'était un gaucher

-Oui moi je suis droitier

-Vous ne faites rien avec la main gauche ?

-Rien

-Vous êtes sûr ? 

-Oui rien

-Donc c'est impossible que vous ayez pris ce couteau ?

-Impossible 

-Pourtant Guy Georges, j'ai vu ce matin que vous avez fait défiler les photos pendant quatre minutes montre en main uniquement avec la main gauche. Et quand vous bougez le micro vous le faites uniquement de la main gauche.

Là, il est complètement déboussolé. Il est vacillant. Il dit que c'est normal et lève son poing droit et fais le geste de quelqu'un qui frappe hyper violemment. Je lui demande:

-Vous voulez dire que quand vous frappez quelqu'un, vous tenez le couteau dans la main droite ?

Il répond oui et mime l'acte, il a changé de visage il a fait le geste, on a cru qu'il assassinait devant nous une de ses victimes. C'était terrifiant."

Guy Georges avouera le mardi suivant, et sera condamné à la perpétuité pour le meurtre de sept jeunes femmes. 

J.A. avec M comme Maïtena