Jour de carence sans aucune indemnité: "Le dysfonctionnement ne vient pas des abus"

Chaque année, un salarié sur trois est absent au moins une fois dans l’année pour cause de maladie. En 2018, les arrêts de travail ont coûté 7 milliards d’euros à la sécurité sociale. Alors pour limiter la hausse des arrêts maladies, le gouvernement envisage d’instaurer un jour de carence sans aucune indemnité.
S’il assure qu’il faut bien sur chasser les abus, Jean-Paul Ortiz, président de la confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et médecin néphrologue, déplore que l’on diabolise l’arrêt maladie, assurant qu’il s’agit d’une "prescription médicale", appartenant à "l’arsenal thérapeutique du médecin".
18% des Français n'utilisent pas l'arrêt de travail prescrit
"18% des Français à qui un médecin a prescrit un arrêt de travail ne l’a pas utilisé, pratiquement un sur cinq. Et parmi ceux qui refusent de le prendre, un sur deux le regrette après !", tient-il à rappeler sur RMC ce mardi.
Même son de cloche chez Frédéric Bizard, économiste spécialiste des questions de protection sociale et de santé qui tient à rappeler que le dysfonctionnement du système "ne vient pas des abus".
"On ne régule pas un système par ses extrêmes"
"Depuis 10-15 ans on réfléchit à réguler ce système en fonction des extrêmes et des abus, qu’ils soient des prescripteurs ou des assurés. Mais on ne régule pas un système par ses extrêmes, c’est à la marge. (…) on ne peut pas réfléchir sur ce système par rapport à ça", explique-t-il
Enfin la suppression des jours de carence aurait un effet pervers: "Quand on supprime les jours de carence il y a moins d'arrêts maladies de courte durée, mais plus de longue durée, d’une semaine à trois mois3, assure de son côté Jean-Paul Ortiz s’appuyant sur une étude de l’INSEE.