"L'antisémitisme, en France, n'a jamais disparu", analyse Nonna Mayer spécialiste du racisme
Le nombre d’actes antisémites est en hausse en 2018. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a confirmé la tendance mardi. Pourtant, pour Nonna Mayer, directrice de recherche au CNRS et spécialiste du racisme, cette recrudescence de ce type d’actes n’est pas étonnant. Elle constate qu’au cours de l’histoire, "l’antisémitisme n’a jamais disparu". En revanche, il apparaît toujours par cycles qui suivent l’actualité.
"Il y avait deux facteurs qui pouvaient expliquer la remontée de l’antisémitisme. D’abord les soubresauts du conflit israélo-palestinien. On n’en a pas beaucoup parlé dans les médias, mais entre mars et juillet il y a eu la guerre des cerfs-volants. Le deuxième pic, il coïncide avec cette forte mobilisation des ‘gilets jaunes’, non pas que les ‘gilets jaunes’ soient antisémites, mais comme tout mouvement social, il charrie un peu tout et n’importe quoi, et il est instrumentalisé par de petits groupes d’extrême droite", explique-t-elle.
Condamner tous les tags
Un avis partagé par Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT. Selon lui, le mouvement des "gilets jaunes" est un prétexte pour des personnes voulant délivrer un message de haine.
"C’est l’occasion pour des groupuscules très organisés d’essayer d’imposer leur discours, leur geste, leur pratique. On l’a vu avec un certain nombre de personnalité. Je crois que quel que soit le mouvement, la manifestation, le lieu, le moment, s’il y a des tags, il faut les condamner", affirme-t-il.
Vendredi soir, une inscription "Juden" a notamment été découverte sur la devanture d’un restaurant Bagelstein. Les gérants ont porté plainte.