Pour les policiers, l'exemple d'Arnaud Beltrame peut faire peur
Emmanuelle Lépine, arrière-petite fille de l'inventeur du concours, ex-psychologue dans la police durant 10 ans, est bien placée pour décrire avec précision la difficulté à gérer mentalement le métier de policier. Dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu ces dernières années, un membre des forces de l'ordre invité de M comme Maïtena avait expliqué récemment qu'il vivait caché, et demandait même à sa famille de ne pas dire le métier qu'il faisait.
"Ca raconte la violence que peuvent vivre collatéralement les familles de policiers, et la violence sociale. Ca raconte qu’il est difficile d’être fier de son métier alors que c’est un métier, ce sont des missions dont ils devraient pouvoir être fiers. Il y aussi le fait que des enfants ont du mal à porter la complexité d’une telle fonction face à d’autres enfants. C’est compliqué."
Le manque de reconnaissance, une "grande douleur de la police"
La charge mentale des policiers semble avoir augmenté depuis les attentats, la pression étant constante sur les forces de l’ordre. Une chose qu'Emmanuelle Lépine a également pu observer.
"C’est évident. C’est d’autant plus évident qu’il y a peu de repos physique ou pas suffisamment. Mais ils ne se reconnaissent pas forcément eux-mêmes à cette charge mentale, du coup ça la multiplie aussi. C’est reconnu sporadiquement par le public, mais ce n’est pas reconnu au quotidien, je pense que cela fait partie des grandes douleurs de la police."
"Se dire que sa vie vaut plus que son service est une réflexion tout à fait entendable"
Une reconnaissance qu'a pu avoir à titre posthume Arnaud Beltrame, ce lieutenant-colonel qui a échangé sa vie à celle d'une otage civile lors de l'attentat de Trèbes plus tôt dans l'année. Invitée à répondre aux répercussions, positives ou négatives, de cet acte pour ses collègues, la psychologue assure que c'est compliqué à analyser.
"On ne peut pas répondre de manière générale là-dessus car à mon avis ça peut à la fois faire très peur à certains car cela met la barre très haute. Pour certains qui sont dans l’identification à des héros, d’une manière générale, ça leur met quelque chose qui n’a plus de limites. Ca peut aussi mettre des freins à d’autres, car on se dit que sa vie vaut plus que son service, ce qui est une réflexion tout à fait entendable."