Violences sexuelles sur les enfants: "Ceux qui sont au pouvoir ne connaissent pas le sujet"

Pour l'ancien juge pour enfants de Bobigny, Jean-Pierre Rosenczveig, "le gouvernement s'est pris les pieds dans le tapis". Il estime en effet que le projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles, examiné lundi et mardi à l'Assemblée nationale, ne change rien en matière de violences sexuelles contre les enfants.
En cause, le fameux article 2, très attendu par les associations de défense des droits des femmes et des enfants, après deux affaires, dont l'une au tribunal de Pontoise, où des fillettes de 11 ans avaient été considérées comme consentantes par la justice. "Certains auraient souhaité qu'il soit posé en présomption absolue que lorsqu'un enfant a une relation sexuelle avec un adulte, il n'a pas pu donner son consentement. C'est là où le gouvernement s'est pris les pieds dans le tapis. Il fallait dire: le fait de s'attaquer à un gosse de moins de 13 ou 15 ans est un crime, point à la ligne", estime Jean-Pierre Rosenczveig.
"Ils ont voulu faire des équilibres qui ne tiennent pas la route"
Le gouvernement avait, pendant plusieurs mois, envisagé d'instaurer une présomption de non-consentement. Mais cette option n'a finalement pas été retenue: elle risquait d'être censurée par le conseil constitutionnel.
Pour l'ancien juge pour enfants, le gouvernement n'a pas fait son travail: "On va à l'encontre de ce qu'on souhaitait parce qu'il n'y a pas eu de travail préparatoire. Ceux qui sont au pouvoir n'ont pas préparé leur prise de pouvoir, ils n'ont pas tenu compte des avis donnés par les uns et les autres, ils ont voulu faire des équilibres qui ne tiennent pas la route. Ils ne connaissent pas le sujet, ils n'ont pas de réflexion sur les droits des enfants. Ceux qui nous gouvernent n'ont pas de réflexion sur le statut de l'enfant".