"C'est tellement grave que ça doit être justifié par des chiffres": Martin Blachier défavorable à un confinement préventif
Le troisième confinement est-il vraiment inévitable ? Face à une épidémie de Covid-19 toujours active et confronté à la nouvelle "donne" des variants, l'exécutif est incité à ajouter encore un cran aux restrictions dès cette semaine.
C'est au cours du conseil de défense sanitaire, prévu mercredi autour du chef de l'Etat, que la décision devrait être prise, dix jours après l'instauration d'un couvre-feu généralisé à 18 heures, dont les effets sont encore difficiles à évaluer.
"Difficile de comprendre pourquoi les gens sont d'accord pour un reconfinement alors que la situation est stable"
Martin Blachier estime que cette hypothèse qui se profile n'est pas justifiée en l'état actuelle des choses.
"Je veux bien qu'on confine le pays, mais si on n'a plus de marqueurs pour confiner, la question c'est quand va-t-on déconfiner ? Quand on est en situation de contrôle de l'épidémie on confine, ça veut dire qu'on se confine sans jamais pouvoir déconfiner.
Avant on confinait quand on disait que les services de réanimation étaient pleins et que la situation était hors de contrôle. Ca veut dire que tant qu'on n'a pas vacciné 100% de la population, mais dans ce cas là il faut le dire. on ne comprend pas pourquoi on appelle à un reconfinement maintenant. Difficile de comprendre pourquoi les gens sont d'accord pour un reconfinement alors que la situation est stable."
"Ce que je dis c'est que comme on ne sait pas, confinons quand c'est nécessaire"
Pour lui, la question des variants est encore floue.
"On en sait très peu là-dessus. On sait qu'il y a eu une reprise forte à Londres parallèle à l'augmentation d'un variant, la relation de cause à effet n'est pas si évidente que ça. En Île-de-France aujourd'hui, Delfraissy nous dit qu'on a 9% du variant, or on a des chiffres à peu près stables.
Ce que je dis c'est que comme on ne sait pas, confinons quand c'est nécessaire, mais si on fait du confinement préventif sur l'hypothèse d'un variant qui emmène vers une 3e vague épidémique alors attendons les signes d'une 3e vague. Sinon il est tout à fait possible que l'on se confine pour rien."
"Je ne suis même pas sûr que Jean-François Delfraissy comprenne exactement la manière dont la sur-contagiosité de ce variant anglais a été évaluée"
Martin Blachier estime qu'il ne faut pas que la peur mène à un confinement, mais plutôt des chiffres.
"Tout mettre sur le dos de ce variant pour lequel les données sont complexes à analyser et très peu matures je trouve que c'est anticiper. Je trouve qu'il serait plus sage de confiner s'il y a un vrai besoin, plutôt que de se confiner par une peur de quelque chose qu'on ne comprend pas. (..) C'est tellement grave un confinement que ce doit être justifié par des chiffres épidémiologiques et pas uniquement par l'hypothétique présence d'un variant."
Il glisse un tacle aux conseillers scientifiques du gouvernement pour conclure. "Je ne suis même pas sûr que Jean-François Delfraissy comprenne exactement la manière dont la sur-contagiosité de ce variant anglais a été évaluée. Je pense que beaucoup de gens appellent à un confinement sans comprendre. Et répètent ce qu'ils ont entendus en répétant l'étude de l'Inserm (basée sur une pré-étude anglaise bancale selon lui)."