Grève à la SNCF: le "Recommandé" d'Eric Brunet à UNSA Ferroviaire
Monsieur Roger Dillenseger, secrétaire général de l’Unsa ferroviaire,
Je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps. Je vais vous parler de l’ouverture à la concurrence du ferroviaire en Europe. Une douzaine de pays est déjà concernée, comme la Suède depuis 1991 ou encore l’Allemagne depuis 24 ans. Malheureusement, vous ne parlez jamais des effets bénéfiques de cette ouverture à la concurrence.
L’Autorité de régulation des activités ferroviaires (Arafer) a fait une analyse de tous les réseaux ferroviaires européens. Son président, Bernard Roman, en a conclu que "partout où le marché a été ouvert, il y a plus de gens qui circulent en train. Il y a plus de trains qu'auparavant, il y a plus de qualité de service, plus de ponctualité, plus de confort dans les trains qu'auparavant. Ça a bénéficié au développement du trafic ferroviaire dans ces pays". Mais ça, vous ne le dites pas!
Une hausse de la fréquentation
Pendant que la fréquentation des trains diminuait en France entre 2011 et 2016, au profit des autres moyens de transport, elle augmentait dans les pays où la concurrence est effective. Par exemple, en Suède entre 1988 et 2013, la fréquentation s’est accrue de 80%. Tout comme en Italie qui a enregistré une hausse de 49% du nombre de voyageurs entre 2012 et 2015.
Une augmentation du nombre de train
Il y a aussi eu une augmentation du nombre de trains. Entre 1996 et 2014, l’Allemagne a enregistré +30%. Entre 1998 et 2018, le Royaume-Uni compte aussi +30%. Et, en Suède, entre 1990 et 2014, c’est +53%.
Du matériel et un service de qualité supérieure
Concernant la vétusté du matériel, en 1997, en Allemagne, l’âge moyen d’une rame était de 17 ans. En 2015, il a été ramené à 7 ans et demi. En Italie, de nouveaux services sont arrivés comme une restauration d’une qualité supérieure ou encore le WIFI dans les trains à grande vitesse.
Pourquoi ne pas l'avoir dit aux Français?
Le discours syndical présente toujours le système ferroviaire anglais comme une abomination. Mais, si on regarde le rapport de l’observatoire européen de la sécurité ferroviaire, le pays considéré comme le plus sûr, aujourd'hui, sur son réseau ferroviaire, est… la Grande-Bretagne. Alors oui, il reste quelques points noirs sur le prix des billets. L’ouverture à la concurrence a fait baisser les prix en Italie, mais pas forcément dans les autres pays.
Cependant, je fais le reproche à votre organisation syndicale d’avoir manqué d’objectivité. Monsieur Roger Dillenseger, je vous pose donc la question: pourquoi ne pas avoir dit aux clients, aux usagers de la SNCF, que l’ouverture à la concurrence a été bénéfique en Europe?
J’espère que vous aurez à cœur, Monsieur Dillenseger, d’accuser réception de mon recommandé. J’ai hâte d’entendre votre réponse.