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Réduire Emmanuel Macron à un jouet de la mondialisation, c'est ce qui se faisait dans les années 30

Alain Chouraqui, est le président de la Fondation du Camp des Milles. Avec d’anciens résistants et déportés, il dénonce dans Radio Brunet, une montée de la "xénophobie, du nationalisme, du racisme et de l’antisémitisme encouragés par des personnalités et des partis extrémistes".

Le deuxième tour de la présidentielle propose un affrontement entre deux candidats diamétralement opposés. Si Marine Le Pen adopte comme stratégie une critique permanente du monde de la finance pour présenter Emmanuel Macron comme un candidat à la merci des banques, celui-ci tente de diaboliser l’image de la candidate frontiste, faisant des comparaisons avec les années 30. Pour Alain Chouraqui, directeur de recherche émérite au CNRS et président de la Fondation du camp des Milles, les similitudes sont nombreuses entre la situation actuelle et celle que connait toute société dans un état de crise majeure. Invité dans Radio Brunet, il estime qu’Emmanuel Macron n’est pas le premier à souffrir de cette haine de la finance. 

"Les mouvements d’ensemble d’une société dépassent les individus et leur sincérité. Il y a des individus sincères qui croient à cette opposition entre mondialisme et patriotisme. Il se trouve qu’ils réempruntent, volontairement ou pas, des chemins que l’histoire a creusé. Ce sont ces chemins historiques sociétaux qui réduisent Emmanuel Macron au stade de jouet de la mondialisation comme c’était fait dans les années 30. Ça rappelle un certain nombre de choses qu’ils le veuillent ou non".

Pour Alain Chouraqui, si Emmanuel Macron était juif, les attaques qu'il subit seraient perçues comme les mêmes formulées dans les années trente par les partis extrémistes. "Si Macron était juif, on dirait que le mouvement qui avance du côté de l’extrême-droite ressemble à celui qui avançait dans les années 30. Le complotisme à l’égard des juifs comme à l’égard du capitalisme est ancien et vraiment structurant. Ce sont ces sillons là qui sont en train d’être à nouveau suivis. Je suis convaincu que ceux qui disent ça aujourd’hui n’ont pas en tête l’antisémitisme, mais ils ne se rendent pas compte qu’ils le réveillent. Ce sont des mouvements fondamentaux d’une société en crise qui systématiquement se recherche des bouc-émissaires et retrouve des chemins anciens pour réactiver ces bouc-émissaires, c’est régulier".

Radio Brunet avec A. B.