Une magistrate explique pourquoi les contraventions pour usage de cannabis seraient inefficaces

Béatrice Brugère, vice-procureure de la République au TGI de Paris, a expliqué en quoi dresser des contraventions pour les consommateurs de cannabis, comme un rapport parlementaire le préconise, serait une erreur.

Mettre des contraventions aux consommateurs de cannabis ne permettra pas de résorber le trafic. C'est l'opinion développée ce lundi dans Radio Brunet par Béatrice Brugère, ancienne juge antiterroriste, vice-procureure de la République au TGI de Paris et secrétaire générale du syndicat "Unité Magistrats Force Ouvrière". Pour la magistrate "la réalité est la suivante": "Ça ne marchera pas. En fait, on va aller là où on ne se fait pas caillasser, là où on pourra se faire payer. Or aujourd'hui, les points chauds du trafic de cannabis, c'est là où la police se fait caillasser et c'est là où on ne va pas sortir son chéquier. La réalité est là!". Surtout, cette mesure va faire baisser, selon elle, la prévention du cannabis et "on va entrer encore plus dans la banalisation."

"C'est grâce aux consommateurs qu'on remonte les filières"

Et puis "c'est grâce aux consommateurs qu'on remonte les filières", rappelle la magistrate. "Ce sont les gardes à vue qui permettent de remonter (les filières)". Béatrice Brugère qui estime que la lutte contre le cannabis ne se fera pas sans moyens supplémentaire pour toute la chaîne pénale. "Quand est-ce que le gouvernement mettra ces moyens sur la table pour la police, la justice, la pénitentiaire et la prévention de santé publique?", interroge-t-elle.

P. G. avec Eric Brunet