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Yves, patron d'entreprise industrielle: "On est en train de façonner une société de délocalisations"

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- - Guillaume Souvant - AFP

Le patron d'une entreprise industrielle a poussé un coup de gueule ce jeudi dans Radio brunet contre les emplois "bobos" du numérique, privilégiés selon lui aux détriments des emplois industriels.

C'est le coup de gueule d'un patron d'une entreprise industrielle : "Ras le bol des métiers bobos du numérique". Yann, patron de l'entreprise de confection de textiles techniques, Solarmtex, à Vierzon dans le Cher, a dénoncé ce jeudi dans Radio Brunet l'omniprésence selon lui des formations dans le secteur tertiaire au détriment du secteur industriel. Avec pour conséquence pour lui, une difficulté à trouver du personnel qualifié. "Y en a marre de ces emplois bobo du numérique, je veux faire connaître les emplois industriels pour montrer aux gens que le secteur industriel existe en France, qu'il est puissant, qu'il est créateur d'emploi et qu'on peut s'y épanouir", déclare Yves sur RMC.

"Le problème c'est que ces emplois industriels ont une très mauvaise image : à l'école on les présente comme le taylorisme, le fordisme avec des presse boutons qui travaillent à la chaîne et se salissent les mains. Aujourd'hui cela n'a plus rien à voir".

"L'industrie, ce ne sont plus des presse boutons qui se salissent les mains"

Pour le patron de Solarmtex, le problème commence à l'école. "L'éducation ne forme pas les bonnes personnes sur les bons postes. Les métiers manuels ont été dévalorisés. Aujourd'hui dans la confection vous trouvez des modélistes, des patronnières, des gens formés pour l'encadrement, mais vous ne trouvez pas d'opératrice d'opérations. Ça veut dire que l'on est en train de façonner une économie de délocalisations. On façonne une économie avec des produits conçus chez nous, mais produits en Chine. Je vais chercher une coiffeuse, une esthéticienne, je la forme, ça prend des mois et des mois et à la fin elle est opérationnel. Mais c'est dur. Je pense aujourd'hui qu'une ouvrière qualifiée en confection, comme un soudeur, comme un tourneur-fraiseur, il a un taux d'emploi extrêmement élevé aujourd'hui".

"Dans le numérique on peut trouver un emploi en deux heures"

Faut-il privilégier les emplois industriels au détriment des emplois du numérique? Olivier Matthieu, président de Priceminister et vice-président de France Digitale, pense au contraire que les formations au numérique ne sont pas assez développées. "La réalité c'est que dans le numérique, on est dans un taux de chômage négatif, ce qui veut dire que quand on cherche un employé, on ne le trouve pas par manque de personnes disponibles. Quelqu'un qui a une formation de développement d'applications pour téléphone mobile, il reste au chômage en moyenne deux heures. Il est embauché deux heures après avoir posté sa candidature. Pareil pour quelqu'un qui a une formation en analyse de données. On manque de formation pour amener des jeunes vers ces métiers-là".

"Blablacar, Uber ou Priceminister, on créé nous aussi beaucoup d'emplois indirects notamment sur nos plateformes. On estime, pour priceminister que nous avons créé 10.000 emplois indirects".

L'emploi industriel en France: une hécatombe

La part de l'industrie dans la richesse nationale est passée de 20 à 12% en France, contre 23% en Allemagne. Ces dix dernières années, l'industrie a perdu environ 300.000 postes. Or, la création de 100 postes dans une entreprise industrielle, entraîne la création de 60 postes dans les services.

Philippe Gril avec Eric Brunet