A. Kbibech (CFCM): "L'amalgame entre le guet-apens d'Ajaccio et les musulmans est insupportable"
"Arabi Fora" (Les Arabes, dehors) ! "On est chez nous" ! Certains parmi les manifestants d'Ajaccio, descendus dans la rue ces trois derniers jours pour manifester leur colère après le guet-apens contre des pompiers la nuit de noël dans un quartier défavorisé de la ville, n'ont pas hésité à user de slogans racistes. Et à vandaliser également une salle de prière du quartier des Jardins de l'Empereur. Des attaques ciblées contre la population maghrébine du quartier, qui révulsent Anouar Kbibech, président du conseil français du culte musulman (CFCM), invité ce lundi de Jean-Jacques Bourdin.
"Ce qu'il s'est passé contre les pompiers est inadmissible, mais faire le lien avec des fidèles qui se rendent paisiblement dans une salle de prière est un amalgame insupportable. Les manifestants ont crié 'Nous sommes chez nous', mais les citoyens français de confession musulmane sont aussi chez eux. Ils sont des Français à part entière. On ne peut pas accepter cette citoyenneté à deux étages".
"Les Français de confession musulmane sont aussi chez eux"
Peu avant l'intervention d'Anouar Kbibech sur RMC, le maire d'Ajaccio Laurent Marcangelli, avait dénoncé également ces actes et slogans racistes, tout en soulignant la montée du communautarisme dans ce quartier de sa ville. "Il y a un repli sur soi de tous les côtés, explique le président du Conseil français du culte musulman. C'est pourquoi le CFCM a invité l'ensemble des mosquées de France à organiser les 9 et 10 janvier un thé de la fraternité, avec des journées portes ouvertes dans toutes les mosquées de France pour justement casser ce repli sur soi, cette méfiance et cette défiance "les uns envers les autres. Lors de ces journées, les musulmans "répondront à toutes les questions et inquiétudes", promet Anouar Kbibech. "Toutes les questions sont bonnes à poser", ajoute-t-il, alors que les actes islamophobes ont connu une forte hausse en 2015.
"Les propos de Robert Ménard sont intolérables"
Après les attentats de Charlie Hebdo en janvier et les attentats du 13 novembre, le président du CFCM estime que la cohésion sociale en France est en danger. "Il faut qu'on défende tous ensemble la République et la cohésion sociale. Il faut faire preuve de solidarité et de fraternité pour sortir par le haut de cette crise", exhorte Anouar Kbibech.
Le président du CFCM a également critiqué les déclarations du maire extrême-droite de Béziers, Robert Ménard, qui s’en ait pris aux musulmans qui ont gardé l’Église de La Devèze et la Cathédrale de Saint-Nazaire pour protéger la messe de Noël. "Je trouve ce comportement inacceptable et intolérable. S'il y a des musulmans qui se portent candidats symboliquement pour défendre des églises, il faut voir là une action positive et ne pas critiquer à tout va".