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Chanteloup-les-Vignes: "Il y a des quartiers perdus de la République" s'inquiète le secrétaire général du syndicat de police Synergie Officiers

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Samedi soir, la ville de Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines a été le lieu de violents affrontements. Les forces de l’ordre ont été pris dans un guet-apens par une trentaine de jeunes. Ces derniers ont même incendié un chapiteau. Édouard Philippe les a qualifiés "d’imbéciles".

Un acte "odieux et inacceptable": trois ministres ont adressé mardi un "message de fermeté" et "d'espoir" à Chanteloup-les-Vignes trois jours après l'incendie de l'école du cirque de cette commune populaire des Yvelines. 

Le Premier ministre, Édouard Philippe, est revenu, mardi après-midi, précisant qu'"effectivement [il s'agissait] d'actes criminels" en réponse à l'opposition de droite qui l'accusait de "laxisme" verbal pour avoir parlé "d'imbéciles".

Un terme qui avait beaucoup agacé Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat de police Synergie Officiers et invité de RMC ce mardi matin: "En les qualifiant d'imbéciles, il y a une euphémisation du Premier ministre".

"Pour nous, ce sont des criminels. Non seulement ces gens ont brûlé le chapiteau mais ils s’en sont pris aux forces de l’ordre avec des mortiers, des munitions, des ballasts pendant plusieurs heures" dénonce-t-il sur RMC.

"Le trafic de stupéfiants est la colonne vertébrale de plusieurs quartiers"

Dans la nuit de samedi à dimanche, une école de cirque a été incendiée lors d'une soirée émaillée de nombreuses violences à Chanteloup-les-Vignes, dans la grande banlieue ouest de Paris. Selon le policier, ces affrontements se déroulent sur un fond de trafic de drogue: 

"Le trafic de stupéfiants est la colonne vertébrale de plusieurs quartiers qui, notamment, vivent par ruissellement. C’est-à-dire que vous avez les gens qui deal et puis vous avez tout un tas de familles qui sont souvent dans la précarité et qui vivent grâce à ça. C’est un pilier de ces quartiers-là" insiste Patrice Ribeiro.

"Certains quartiers sont complètement ghettoïsés"

Mais lutter contre ce trafic n'a rien d'évident, explique-t-il.

"Nous sommes dans un État de droit donc pour démanteler un trafic de stupéfiants, il faut des preuves, il faut imputer des choses à celui qui vend. Ils sont très bien organisés. Certains quartiers sont complètement ghettoïsés et transformés en forteresse".

"Celui à qui vous achetez, il ne vous vend pas la drogue comme ça. Il y a celui qui guette, celui qui vous indique à qui il faut donner l’argent, ceux qui vont chercher le produit, ceux qui vous le donnent… c’est pour ça que c’est extrêmement difficile.

"L’extrême majorité des gens vivent sous le joug de ces gens-là"

Patrice Ribeiro estime par ailleurs qu’il y a "des quartiers perdus de la République":

"L’extrême majorité des gens, qui sont honnêtes, vivent sous le joug de ces gens-là. Il y a des trafiquants qui font des contrôles d’identité sur des habitants pour les laisser ou pas rentrés chez eux. C’est le monde à l’envers".

Deux individus, dont un mineur, soupçonnés d'avoir participé à ces violences, ont été interpellés et placés en garde à vue samedi. Déférés devant un juge d'instruction lundi, ils ont été mis en examen et placés en détention provisoire dans la soirée.

Une information judiciaire a été ouverte notamment pour "destructions ou dégradations de biens par incendie" en bande organisée, "embuscade en réunion" et "violences volontaires avec arme en bande organisée" sur "personnes dépositaires de l'autorité publique".

Maxime Trouleau