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CHIFFRE RMC - Face aux migrants, 400 commerçants et entrepreneurs de Calais attaquent l'Etat

400 commerçants et entrepreneurs de Calais vont, dans les prochains jours, porter plainte contre l’Etat

400 commerçants et entrepreneurs de Calais vont, dans les prochains jours, porter plainte contre l’Etat - AFP

REPORTAGE - 400 commerçants et entrepreneurs de Calais vont, dans les prochains jours, porter plainte contre l’Etat pour rupture d’égalité devant les charges publiques. Ils assurent en effet que la présence de migrants dans la ville leur cause des préjudices économiques importants.

Selon le collectif des entreprises et des commerçants de Calais, les commerces de la restauration ont perdu 40% de chiffres d’affaires en un an. Les commerces de détail, eux, ont perdu 20%. Une chute directement imputable, selon eux, à la crise migratoire qui touche la ville. C'est pourquoi, selon nos informations, 400 commerçants et entrepreneurs vont, dans les prochains jours, porter plainte contre l’Etat pour rupture d’égalité devant les charges publiques.

Concrètement, si ces commerçants se sont rassemblés pour mener une action en justice, c'est parce qu'ils se sentent pénalisés par la présence des migrants dans leur ville. Ils assurent en effet que cela leur cause des préjudices économiques importants, que l'économie et le tourisme à Calais tournent au ralenti et que l'image de la ville s'est dégradée au fur et à mesure de l'augmentation du nombre des migrants dans la jungle de Calais.

"On doit se débrouiller tout seul"

Il y a six semaines, 500 commerçants et entrepreneurs calaisiens étaient venus manifester à Paris pour obtenir des aides de l'Etat pour les mêmes raisons. Reçus au ministère de l'Économie puis à l'Elysée, ils en étaient ressortis avec la promesse de la création d'une cellule d'urgence pour accompagner les professionnels et leur proposer des reports ou exonération de charges. Sauf qu'aujourd'hui, la crise est loin d'être résolue.

Pierre Nouchi, patron d'un restaurant gastronomique à Calais, a manifesté à Paris début mars. Son chiffre d’affaire a chuté de 30% en 2015, c'est pourquoi il a contacté la cellule d’urgence le mois dernier. "On attendait simplement une exonération de charges et la réponse a été très simple: on sera taxés, déplore-t-il sur RMC. On nous a simplement proposé des reports de charges". Pierre Nouchi fait donc part de "sa grande déception": "Aujourd'hui, notre métier est considéré comme un métier où l'on doit se débrouiller tout seul et faire face aux problèmes".

"On en a ras-le-bol"

Et d'alarmer sur la situation: "Si vous ne payez pas vos charges, vous fermez votre boutique". Fatigués et pour beaucoup au bord du gouffre, les entrepreneurs et les commerçants du Calaisis ont donc décidé d'attaquer l'Etat. Et dans les faits, cette colère se traduit par 400 actions en justice: autant de requêtes que de commerçants en difficultés, comme l'explique Frédéric Van Gansbeke, le président du collectif qui les rassemble.

"On en a ras-le-bol notamment parce qu'aujourd'hui on laisse toujours la partie nord de la Jungle et qu'on ne la démantèle pas, peste-t-il sur RMC. On s'aperçoit bien que rien n'est fait, rien ne change. Alors pourquoi saisir la justice? Simplement parce que quand on essaye de dialoguer avec le gouvernement et que quand on essaye de faire les choses de manière bon enfant, on n'est pas entendus." Et de marteler: "J'estime que nous sommes dans un pays de droit. Le droit doit donc s'appliquer à tout le monde, y compris à l'Etat".

Maxime Ricard avec Lionel Top