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Comment les surveillants tentent de prévenir les suicides de prisonniers

Le suicide mardi dans sa cellule de l'ex-directeur de l'école de Villefontaine, accusé de pédophilie sur ses élèves, juste avant l'ouverture de son procès, a provoqué la colère des parents de victimes. Mais pour David, surveillant pénitentiaire, et Thierry, ancien détenu, il est impossible d'empêcher un détenu qui le souhaite de mettre fin à ses jours.

Il y a la colère des familles de victimes de l'ex-directeur de l'école de Villefontaine, qui ne comprennent pas comment cet homme, accusé de pédophilie, a pu mettre fin à ses jours en se pendant dans sa cellule alors qu'il était censé être particulièrement surveillé par l'administration pénitentiaire. Et puis il y a la réalité des prisons, décrite par David, surveillant, qui a décrit ce mercredi chez Jean-Jacques Bourdin comment lui et ses collègues tentaient de prévenir les suicides de prisonniers, la nuit, période la plus propice.

"La nuit, il y a quatre rondes, explique-t-il. La première pour vérifier si toutes les cellules sont bien fermées et si les détenus sont présents et vivants dans les cellules. Puis deux rondes d'écoutes. Et enfin une dernière ronde pour vérifier, via l'œilleton, que le détenu est toujours dans sa cellule et vivant".

"Pour les détenus déclarés suicidaires, il y a des rondes toutes les heures: le surveillant allume la lumière et vérifie si le détenu est vivant". 

"Allumer la lumière toutes les heures pendant la nuit..."

Voilà pour la procédure, mais en réalité, David reconnaît que "c'est très compliqué de concilier la sécurité et le respect du détenu: allumer la lumière toutes les heures pendant la nuit, c'est difficile pour un détenu".

Quant au kit anti-suicide (tenue en papier, cellule adaptée), David estime que ce n'est pas une garantie pour le détenu: "Même avec ça on ne peut pas garantir totalement qu'il ne va pas se suicider. Un détenu qui est suicidaire aigüe, je pense que c'est très compliqué de l'en empêcher". Ce surveillant accepte mal d'ailleurs, que ses collègues puissent être critiqués après un drame, qui, assure-t-il, les touche aussi.

"En prison, le détenu qui veut se suicider, il y arrive"

Impossible d'empêcher quelqu'un qui a décidé de mettre fin à ses jours de passer à l'acte, c'est aussi l'avis de Thierry, qui a fait de la prison pour des cambriolages. "Les personnes qui n'ont pas vécu la prison ne peuvent pas savoir ce que c'est et être objectif", prévient-il tout de go. "Quand il y a un surveillant pour je ne sais pas combien de cellules, il ne peut rien faire. La seule solution : un surveillant pour un détenu, et il n'y aura plus de suicides. Donc c'est impossible. La personne qui veut se suicider en prison, elle y arrive".

Philippe Gril avec JJ. Bourdin