Couvre-feu pour mineurs dans le Nord: "Colmater les brèches que les parents laissent ouvertes"

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Pierre Ego, maire (DVG) d’Escaudoeuvres (Nord)
"Pendant les vacances de la Toussaint, des personnes âgées étaient ciblées par des jeunes de 12 à 16 ans qui jouaient avec des vélos, qui les insultaient, qui les maltraitaient, et qui même les agressaient. Ils se mettaient en travers de la route avec leur vélo et ils empêchaient les voitures de passer.
Ça dure un après-midi, on intervient. On recommence le lendemain, le surlendemain, et ça dure comme ça pendant une semaine. Au bout d’une semaine, on se dit qu’il faut faire quelque chose d’efficace. Parce que s’il n’y a pas d’arrêté municipal interdisant le regroupement de mineurs, on ne peut pas intervenir auprès du procureur de la République.
"Ils prenaient de l’alcool, ils ont 16 ou 17 ans et ça durait jusqu’à 4h du matin"
On a prévenu tout le monde que l’arrêté municipal était parti dans les boîtes aux lettres de toute la ville, et on en a profité aussi pour interdire la consommation d’alcool. D’autres jeunes se réunissaient le soir dans des Abribus qui ne sont pas utilisés pour le moment. Ils prenaient de l’alcool, ils ont 16 ou 17 ans et ça durait jusqu’à 4h du matin. Evidemment ça gène tout le voisinage. Donc on a fait d’une pierre deux coups.
Les maires ont des pouvoirs et on ne les utilise pas. On est une petite ville de 3400 habitants, on a à peu près 300 jeunes. Et ça ne concerne que 10 jeunes. Mais 10 jeunes qui en entraînent 10 autres, ça va très vite. On a déjà vu ça. Si on commence tout de suite, tout s’arrête. Parce que les parents se sont rendus compte qu’ils sont responsables de leurs jeunes. Sinon, les parents ne se rendent pas compte, ne s’en occupent pas. On essaie de colmater les brèches que les parents laissent ouvertes pour les enfants.
"Cet arrêté, je ne suis pas prêt de l’arrêter"
Il y a 36 000 communes en France, cette efficacité, on peut l’avoir sur 2000 ou 3000 communes. Je n’ai reçu aucune critique, ce ne sont que des points positifs. On a eu des coups de fil d’autres communes qui nous ont dit que ça leur donnait des idées. Parce que ça commence même dans les petits villages du Cambraisis, cette société qui est en train de parti à vau-l’eau. Il faut mettre le poing sur la table, on ne peut pas faire autrement.
Je vous jure que c’est extrêmement efficace. L’arrêté a été pris le 3 novembre. Moi je pense que je ne suis pas prêt de l’arrêter. Les jeunes entre 12 et 16 ans qui circulent à 2 ou 3h du matin, seuls dans les rues, ce n’est pas normal. Cet arrêté municipal va continuer jusqu’à une évolution de la société qui sera plus positive qu’actuellement. Donc ce sera du très, très long terme".