Crise des éleveurs: pour la grande distribution, les responsables ce sont les autres

C'est le coupable désigné. Si l'élevage français traverse une crise grave, c'est parce que la grande distribution achète la viande à des prix trop bas, estiment les éleveurs. François Hollande lui-même, a demandé samedi aux grandes surfaces d'augmenter leur prix d'achat de la viande. La grande distribution pointée du doigt ? "C'est assez classique", sourit Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution, invité ce lundi de Bourdin Direct.
"Nous perdons de l'argent sur la viande"
Il assure que les hyper et supermarchés achètent déjà leur viande plus cher. "Nous nous sommes engagés dès la semaine dernière à augmenter les prix d'achats de la viande aux éleveurs. Nous avons tenu cette promesse et nous continuerons à le faire. Nous répondons présents". "Le problème c'est que, malheureusement, cela ne descend pas jusqu'aux éleveurs", avance-t-il toutefois.
Mais alors, à qui la faute ? "Nous n'achetons pas la viande aux éleveurs, nous achetons la viande à des industriels, des transformateurs, des abatteurs", explique Jacques Creyssel. Des intermédiaires "qui refusent de donner leur marge". "Nous notre marge a été vérifiée par le ministère de l'agriculture. Sur la viande fraîche notre marge est de -1,5%. Nous perdons de l'argent sur la viande, comme nous en perdons sur le poisson et les fruits et légumes", assure-t-il.
"Les Français mangent moins de viande"
Mais pour le représentant de la grande distribution, le gouvernement a aussi sa part de responsabilité dans cette crise, en maintenant sur les éleveurs des charges trop importantes. "Il faut des réformes en profondeur, appelle Jacques Creyssel. Il faut diminuer les charges, car il est clair que l'élevage français n'est pas compétitif par rapport à l'élevage européen".
Plusieurs facteurs expliquent la crise que traversent les éleveurs français, selon lui. "C'est une crise globale, européenne: il y a une surproduction, l'arrêt des exportations à cause de l'embargo sur la Russie, mais aussi une baisse de la consommation. Les Français aujourd'hui mangent moins de viande : -4% sur le bœuf l'année dernière, baisse de la conso de lait, de porc".