Démantèlement de la "Jungle" de Calais: l'avenir de l'école du chemin des dunes en question

L'avenir de l'école de la Jungle de Calais est en question (illustration) - AFP
En principe, l'Etat doit débuter le démantèlement d'une partie de la "Jungle" de Calais ce mardi soir. En effet, la préfecture du Pas-de-Calais a pris vendredi dernier un arrêté ordonnant aux occupants (entre 800 et 1.000 selon les autorités, 3.450 pour des associations) de la zone sud du camp dit de la Lande de quitter les lieux d'ici mardi 20H00. Pour autant un éventuel report peut encore avoir lieu puisque le tribunal administratif de Lille examine cet après-midi un référé de 250 migrants et dix associations pour faire suspendre l'arrêté prononçant "l'expulsion d'office des occupants".
"C'est catastrophique"
En attendant, sur place, une question cristallise les tensions: en cas d'évacuation, que va devenir l'école laïque ("l'école du chemin des dunes", ndlr) qui accueille depuis six mois essentiellement des enfants? Si la préfecture a assuré qu'elle ne comptait pas la détruire, militants et bénévoles s'inquiètent de l'avenir de cette structure qui tourne au ralenti depuis quelques jours. "C'est catastrophique, il n'y a vraiment personne", confirme à RMC Nathalie, l'institutrice qui va elle-même chercher ses élèves, âgés de 4 à 12 ans, dans leurs cabanes.
Car depuis l'annonce du démantèlement, l'école n'est plus la priorité des familles. "Ça recommence comme il y a un mois quand ils ont rasé une bande de 100 mètres le long de la rocade. On sent qu'il y a un découragement, s'inquiète encore l'enseignante. Ils ont d'autres préoccupations". Même si les cabanes qui abritent l’école ont obtenu un sursis, Isabelle, bénévole dans le camp, n’est pas certaine que ce soit la bonne solution.
"On ne sait pas ce que les enfants vont devenir"
"S'il démolisse tout le reste et ne garde que l'école, celle-ci ne sera de toute manière plus accessible parce que ne viendra traverser la zone seulement pour amener ses enfants à l'école, estime-t-elle. Cela sera vide, il y aura de la boue de partout, avec une multitude de déchets… Il y aura bien une école mais s'il n'y a pas de vie autour, ça ne sert à rien".
"Une réponse éducative, institutionnelle doit être apportée, insiste Nathalie. Il ne faut pas tarder". Car l'école est aussi un abri, notamment pour les mineurs isolés. "On ne sait pas ce qu'ils vont devenir. Ils vont être éparpillés alors qu'ici on les connait, ils ont confiance en nous. On a un lien avec eux. Or, là, du jour au lendemain, on ne sait pas où ils vont se retrouver, déplore encore l'institutrice. Ils vont donc être encore plus vulnérables qu'ils ne le sont ici". Au total, les associations ont recensé 305 mineurs isolés dans la zone sud, dont une majorité avec de la famille ou des proches en Angleterre.