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"Booking a faussé la concurrence": une action collective s'attaque aux pratiques de la plateforme

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La plateforme de réservation en ligne Booking est dans le viseur de deux cabinets d'avocats, qui préparent une action collective contre ses commissions jugées excessives. Une concurrence "faussée" et une "position dominante" dénoncée sur RMC par l'avocat Marc Barennes.

La plateforme Booking est visée par les professionnels de l'hôtellerie en raison de ses "commissions excessives". Deux cabinets d'avocats, un en Espagne et un en France, préparent une action collective afin d'obtenir réparation. En Europe, les réservations directement auprès de l'hôtel ne représentaient que 33% du chiffre d'affaires en ligne des hôtels en 2024, le reste venant de plateformes comme Booking ou Expedia, selon les données de la société spécialisée en technologies hôtelières D-Edge.

Des pratiques anti-concurrentielles alors que la plateforme a su se rendre incontournable. C'est en tout cas ce qu'affirme auprès de RMC Adrien Jaume, gérant d'un hôtel familial dans le Var: "C'est impossible aujourd'hui de ne plus faire partie de Booking. Quand on fait une recherche sur Google, c'est la première ligne", fait-il savoir.

Commission de 18%

La plateforme est notamment accusée de forcer la main des hôteliers pour qu'il propose des promotions, ce qui étrangle particulièrement les indépendants. "Quand on fait les -10 et -15%, Booking ne baisse pas sa commission, qui est de 18%. C'est énorme", ajoute Adrien Jaume.

Les cabinets Eskariam en Espagne et Geradin Partners à Paris s'appuient notamment sur une récente décision de la Cour de justice de l'Union européenne, de septembre 2024, qui remet en cause les "clauses de parité" imposées par Booking. Celles-ci sont des "dispositions contractuelles qui empêchaient les hôtels et autres hébergeurs de proposer des prix plus bas ou de meilleures conditions sur d'autres canaux de vente, restreignant ainsi leur liberté commerciale", indique un communiqué.

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Des pertes en France estimées à 1,5 milliard d'euros

"L'action permettra de déterminer quelles auraient été le prix ou les taux du marché si Booking n'avait pas faussé la concurrence et abusé de sa position dominante", explique auprès de RMC Marc Barennes, l'un des avocats à l'initiative de l'action.

Des discussions sont en cours avec d'autres cabinets d'avocats pour étendre l'initiative à d'autres pays, notamment l'Italie et le Portugal, "dans le but d'élargir la couverture européenne et de construire un front juridique uni contre Booking.com". En France, Marc Barennes souhaiterait pouvoir saisir le tribunal de commerce d'ici la fin du mois d'octobre.

Dans le cadre de la législation sur les marchés numériques (DMA), Booking fait partie des géants de la "tech" soumis dans l'Union européenne à de nouvelles règles de concurrence plus strictes. La plateforme ne peut ainsi plus obliger les hôteliers européens à proposer leurs meilleurs prix sur son site.

Les pertes totales des hôteliers liés à Booking en France sont estimées à 1,5 milliard d'euros estime l'avocat. Contacté par l'AFP, Booking a indiqué mardi "n'avoir reçu aucune notification formelle d'une action collective".

Une action similaire contre les titres-restaurant

Marc Barennes est par ailleurs à l'initiative d'une action similaire dans le secteur de l'hôtellerie/restauration : celle opposant les restaurateurs aux émetteurs de titres-restaurant, sanctionnés pour pratiques anti-concurrentielles en France.

Quelque 8.000 points de vente ont rejoint cette procédure annoncée en 2021, et retardée en raison de difficultés d'accès aux documents permettant d'évaluer le préjudice, des bordereaux papier remontant à plusieurs années, explique l'avocat qui mène cette action via sa société Brandeis Fiducie.

Delphine Schiltz avec LM