"C’est absolument anormal": des grandes surfaces appliquent déjà la remise carburant
Est-il déjà possible de payer moins cher son plein d’essence ou de gazole ? Théoriquement, il faut patienter jusqu’au 1er avril pour pouvoir bénéficier de la remise de 18 centimes, en métropole, sur les prix des carburants, mise en place par le gouvernement. Mais dans plusieurs départements (Oise, Manche, Aveyron, Loire-Atlantique, Landes, Somme, Vienne, Seine-Maritime…), des grandes surfaces (Leclerc, Super U) ont visiblement anticipé cette ristourne avec des prix descendant parfois sous 1,80€ le litre d’essence SP95-E10. Une situation que dénonce Francis Pousse, gérant d’une station-service dans la Sarthe, président national de la branche carburant du syndicat Mobilians, puisqu’une charte a été signée entre les différents acteurs pour que la remise n’entre en vigueur que le 1er avril.
"C’est absolument anormal, explique-t-il dans ‘Apolline Matin’ ce mardi sur RMC et RMC Story. Au bout de 30 heures de réunion, on s’est tous mis d’accord pour commencer le 1er avril. On a eu effectivement quelques craintes. On en a discuté avec les gens de la grande surface, que je ne représente pas, je précise. On a dit qu’il fallait que le message soit le même pour tout le monde. Il n’est pas normal que certains commencent avant. C’est Leclerc, en effet. D’un rapide coup d’œil sur différents départements hier soir (lundi), j’ai pu constater que ce n’était pas le seul malheureusement. Tout ça pour vendre quelques boites de petits pois en plus parce que le but des grandes surfaces, je vous le rappelle, c’est de faire venir les gens dans leurs magasins. Donc on dégaine avant, alors que la charte a été signée entre les acteurs, les organisations professionnelles, les grossistes eux-mêmes… Je pense qu’on peut tenter de faire respecter une règle, quand même."
"On s’en souviendra"
Ces grandes surfaces risquent-elles une sanction ? Pas vraiment… "C’est une charte, ce n’est pas une loi, effectivement, reconnait Francis Pousse. Mais les grandes surfaces, qui se font le chantre de la consommation et qui ont parfois des rapports privilégiés avec nos dirigeants, j’espère qu’on va leur dire qu’elles ne sont pas sympas et qu’on s’en souviendra. Imaginons la station-service de campagne qui a déjà un carburant un peu plus cher parce que c’est un petit volume. Elle est aujourd’hui déconnectée de 25 ou 30 centimes avec ces grandes surfaces, c’est absolument inadmissible. Je comprends bien l’intérêt pour le consommateur. Je ne vais pas taper sur quelqu’un qui va faire son plein. Mais les règles, on les connaissait. J’ai déjà prévenu hier la DGEC, le bras armé du ministère de l’Ecologie. On va faire des relevés de prix aujourd’hui pour montrer que c’est absolument inadmissible."