"90% des batteries sont chinoises": le nouveau bonus de 1.000€ des voitures électriques va-t-il changer la donne?

Bientôt un nouveau bonus pour l'achat de certaines voitures électriques. Si un automobiliste choisit d'acheter un véhicule assemblé en Europe avec une batterie fabriquée au même endroit, il peut bénéficier d'une prime supplémentaire de 1.000 euros.
La mesure doit entrer en vigueur le 1er octobre prochain a annoncé lundi le gouvernement. Un moyen de "soutenir l’achat de véhicules électriques par les ménages et la transition de la filière automobile en Europe".
La liste précise des véhicules concernés sera publiée par l’Ademe, l’agence de l’environnement et de la maîtrise d’énergie, dans les jours qui viennent.
Jusqu'à 5.200 euros de bonus pour des voitures qui en coûtent 40.000
Ce bonus vient s’ajouter à d’autres aides, mais quel impact cette mesure peut-elle avoir sur le parc électrique? Aujourd’hui, on trouve des véhicules équipés de batteries européennes seulement dans les gammes supérieures, au-dessus de 40.000 euros à l’achat. En France, ce sont des Peugeot 3008, 5008 ou des Renault Scénic.
Yves Carra, porte-parole de l'association Mobilité Club France, estime de son côté que cela touchera principalement les véhciules électriques à faible autonomie de Renault Peugeot et Citroën, comme la R5 électrique de base.
Actuellement, selon les revenus, les aides de l’état pour l'achat de voitures électriques peuvent aller jusqu’à 4.200 euros, 5.200 euros donc avec ces 1.000 euros de bonus supplémentaire.
Pas d'explosion des ventes sans industrie européenne viable
Pour que cette prime puisse concerner davantage de véhicules et donc de ménages, il faut plusieurs conditions selon Guillaume Crunelle, responsable automobile pour le consultant Deloitte: "Il faut que les gens achètent plus de véhicules électriques. Il faut donc les rendre compétitifs et attractifs et en même temps, que la filière industrielle de batteries se structure et trouve sa productivité", assure-t-il à RMC.
"Donc pour avoir beaucoup de véhicules électriques avec des batteries électriques européennes dans les 5-10-15 ans qui viennent, il faut que cette industrie soit viable et devienne compétitive", poursuit-il.
Un coup de pouce insuffisant juge ce mardi Yves Carra, le porte-parole de l'association Mobilité Club France:
"Ils ont déjà baissé le bonus écologique, là ils rajoutent 1.000 euros, ça ne changera pas grand-chose sur le fond. 90% des batteries sont chinoises donc ça va prendre du temps", assure-t-il sur RMC Story.
Un nouveau coup de frein à venir avec une recharge à la maison bientôt taxée?
Reste que, sans possibilité de recharger sa batterie chez soi, "ça ne vaut pas le coup", juge-t-il, avançant le chiffre d'un Français sur deux qui n'a pas de place de parking pour installer sa borne.
"L'électrique ne remplacera jamais le thermique ou alors on ne sera pas là pour le voir", poursuit Yves Carra. "La date de 2035 avec la fin de la vente de nouveaux véhicules thermiques, il va falloir l'assouplir car ça ne va pas tenir", estime-t-il. "Il y aura toujours des moteurs thermiques", prédit-il.
"Intégrer l'hybride normale et rechargeable ce ne serait pas totalement idiot", juge-t-il, estimant qu'il ne pollue que très peu grâce à son hybride roulant au super-éthanol.
Le porte-parole de l'association Mobilité Club de France prédit aussi un autre problème potentiel à venir, la taxe sur la recharge à domicile: "La taxe sur les carburants rapporte 40 milliards à l'Etat. Quand on utilisera moitié moins, ils taxeront avec le compteur Linky, c'est une probabilité", anticipe-t-il.