"C'est un abus de confiance": le promoteur immobilier Pichet accusé de retards et de malfaçons
C'était son rêve. Romain souhaitait devenir propriétaire. Il y a quatre ans, il achète son premier appartement sur plan, un deux pièces, dans une résidence neuve à Chaville (Hauts-de Seine), auprès d'un promoteur réputé, Pichet Immobilier. Ce groupe basé à Pessac (Gironde) est notamment chargé de construire une partie du village des athlètes des Jeux olympiques de Paris 2024. Cet appartement a coûté 300.000 euros à Romain et doit alors être livré début 2019.
Mais rapidement, le rêve va se transformer en cauchemar. Romain va récupérer son logement neuf fin 2021, avec deux années de retard. Conséquence, il doit payer un double loyer pendant ces deux ans, pour un total de "plus de 1.100 euros par mois, soit un préjudice total de 29.000 euros".
"C'est catastrophique! Il y a aussi un préjudice moral clairement, parce que pendant quatre ans, je me projettais. En fait, c'est quatre ans de ma vie en pause. Il y a aussi un préjudice financier parce que ça m'a mis dans le rouge, clairement. Pichet m'a vraiment achevé pendant quatre ans", explique le jeune propriétaire.
Celui qui a hésité à abandonner son projet immobilier, "notamment du fait du retard", explique que le promoteur ne répondait plus à ses appels.
Des malfaçons après la livraison
Mais il n'y a pas qu'avant la livraison de l'appartement que les problèmes se sont accumulés. Après aussi, le cauchemar a continué. Dans la résidence en question, des malfaçons ont été repérées: la porte de garage ne se ferme pas, il y a des fuites dans le parking...
Le voisin de Romain, Renaud, se retrouve avec un mur de sept mètres de haut dans son jardin, qui n'était pas prévu initialement dans le contrat. "Quand j'ai signé mon contrat, j'avais un jardin avec un mur de deux ou trois mètres maximum. Pas sept mètres avec un contrefort", explique-t-il.
"Quand on se lève le matin avec un mur de sept mètres de haut, au lieu d'un mur normal de deux/trois mètres, ça change les choses en termes de luminosité, d'ensoleillement..."
Quand Renaud demande des explications sur ce changement de plan sur son appartement, il n'en reçoit aucune de la part du promoteur, mis à part: "On ne pouvait pas faire autrement". "Comment ont-ils pu se dire, 'on va vendre un appartement et on ne va pas indiquer cela'?", dénonce, dépité, celui qui juge qu'il y a "tromperie".
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Des certificats jugés mensongers
Malheureusement, la résidence de Romain et Renaud n'est pas la seule concernée. Il y a même un groupe Facebook intitulé "Les mécontents de Pichet Immobilier" avec plus de 200 propriétaires venant de toute la France et toute la région parisienne. Ils racontent comment le promoteur justifie par exemple ses retards à cause d'intempéries, des jours où il ne pleut pas.
Certains, comme Bilel, expliquent que des certificats d'avancement de travaux produits par le promoteur sont tout simplement mensongers. "On voit un appel de fonds de 66.000 euros en demandant de débloquer ces fonds là avec un certificat d'achèvement des travaux", explique le jeune propriétaire d'une maison.
Dubitatif, il a demandé à un employé de prendre des photos de l'avancement du chantier dans sa maison. Résultat: les travaux n'étaient pas achevés, contrairement au document transmis par le promoteur.
"On s'est senti trahis, parce qu'on demande de l'argent sans faire le travail. C'est un abus de confiance. Quand j'entends que Pichet a récupéré des appels d'offres pour la cité olympique, je ne comprends pas", explique Bilel.
Contacté, le groupe Pichet a refusé de nous accorder une interview. Par mail, le promoteur justifie les retards par la crise du Covid, réfute avoir envoyé des attestations mensongères et "s’engage à solutionner les problèmes". Mais, pour l'instant, rien de concret pour Romain et ses voisins, qui ont décidé d'assigner le promoteur en justice.
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