Cafés et bistrots au patrimoine de l'Unesco? "Boire et parler, ça pourrait être notre devise nationale"

L’Unesco, c’est un des derniers boucliers contre la loi du marché. Ça protège notre art de vivre. Si on laissait faire l’argent, il n’y aurait plus que des kebabs et des vapostores dans nos centres-villes. Les cafés ont commencé à disparaître dans les grandes villes. Il faut réagir. Sinon, c’est foutu.
Il y a de moins en moins de cafés, et ce n’est pas une impression, c’est une catastrophe. Les chiffres sont sans appel: en 1900, il y avait 500.000 cafés, en 1960, on était à 200.000, et aujourd’hui, nous sommes à moins de 35.000. Il y en a environ 500 qui ferment chaque année.
A Paris, c’est la crise. Depuis 2002, les cafés ont diminué de 40%. Alors, ça s’explique par les changements de mode de vie, on boit moins d’alcool qu’avant. Et les cafés, on peut les boire chez nous puisque tout le monde a une machine Nespresso. Pareil pour les déjeuners. Maintenant, les gens ont peu de temps pour manger le midi. Avant, on allait prendre le plat du jour au café d’en bas. Maintenant, c’est poké-bowl-salade devant son ordi. Ça fait rêver.
Le premier café ouvert en France: Marseille en 1644
Pourtant la France, c’était le pays par excellence des cafés. Avant de parler des cafés, il faut parler du café. Le café, on en consommait beaucoup en Orient. Et donc forcément, le premier café du monde a ouvert à Istanbul au XVIe siècle, et à l’époque, la ville s’appelait Constantinople, c’était la capitale de l’Empire Ottoman, la Turquie d’aujourd’hui. Ça s’impose petit à petit en Europe.
Et en France, le tout premier café, c’est à Marseille qu’il a ouvert, en 1644. Et 40 ans plus tard, ça arrive à Paris. Le premier café qui ouvre, c’est le Procope, il existe d’ailleurs toujours aujourd’hui. Mais le vrai siècle des cafés, c’est le XVIIIe, c’est le siècle des Lumières, celui des écrivains. On y passe des heures pour parler politique, littérature ou, comme aujourd’hui, de rien du tout.
C’était d’ailleurs des lieux très surveillés par la police, et beaucoup de tenanciers passaient pour être des mouchards au service du gouvernement. Les révolutions, ça commençait dans les cafés. Et au XIXe, tout le de monde s’y met, y compris la bourgeoisie. Le café, on vient s’y montrer, discuter, et bien sûr draguer. Et tout le monde a "son" café. Ça se voit au nom des établissements, il en reste quelque chose aujourd’hui: café des militaires, café du commerce, café des PTT. Ça vient de là.
C’est un lieu de brassage social, de rencontres… La France, c’est d’abord une civilisation de bavards. On est prêt à tout accepter tant qu’on nous laisse parler. Les cafés, c’est le lieu idéal pour ça et ça concerne aussi bien le millionnaire que l’ouvrier. Et puis, on va pas se mentir, s’il y a bien une chose qui résiste à la modernité, à la droite, à la gauche, à ChatGPT et à Sandrine Rousseau, c’est l’apéro. Boire et parler, ça pourrait être notre devise nationale.