Colère des agriculteurs: Dominique Schelcher (Système U) dément "formellement" détourner la loi

"Il faut trouver des solutions". La grande distribution est régulièrement pointée du doigt par les agriculteurs depuis le début de leur mouvement de colère lancé il y a près de deux semaines. Mais les représentants des grands groupes restent discrets depuis le début de la crise, alors que de nombreux supermarchés sont visés par des dégradations.
Le patron de Système U Dominique Schelcher est finalement le premier à sortir du silence ce mardi 30 janvier sur RMC-BFMTV, et a démenti "formellement toute volonté de détourner la loi française" notamment par l'utilisation de centrales d'achat basées à l'étranger.
"Je démens formellement toute volonté de Système U de détourner la loi française avec nos partenariats européens", a déclaré Dominique Schelcher sur RMC-BFMTV.
"Système U n'a pas monté une centrale d'achat en dehors de la France basée à l'étranger, Système U a rejoint un partenariat existant monté par une coopérative allemande (...) et des Hollandais. Ce sont eux qui ont décidé de mettre le siège de cette organisation aux Pays-Bas", s'est-il défendu.
"Dans le contrat qu'on signe avec les industriels, qui ne sont que les gros industriels, (...), on écrit qu'on s'engage à respecter les éléments essentiels de la loi Egalim, c'est-à-dire la part de matière première agricole et les clauses d'indexation", a ajouté Dominique Schelcher.
"On met nos quantités d'achats ensemble avec les Allemands et les Hollandais pour peser face à des groupes pour qui la France n'est pas grand chose", selon lui. "L'essentiel de la négociation de Système U continue de se faire à Rungis à notre siège", a-t-il aussi souligné.
Pas de matière première achetée à l'étranger pour sa marque distributeur
Il s'est également "inscrit en faux", sur l'idée que Système U irait chercher sa matière première à l'étranger. "Système U a décidé très fermement, malgré l'intérêt qu'on pourrait avoir à aller chercher de la matière première à l'étranger pour la fabrication de nos produits, de ne pas le faire", a-t-il insisté.
Dominique Schelcher a également jugé que "le système actuel de négociation est à bout de souffle" alors que les négociations commerciales entre supermarchés et gros industriels prennent fin mercredi soir.
"Négocier pendant deux mois et demi seulement, ne pas pouvoir s'adapter pendant toute l'année, ça ne tient plus, on est au bout du système" a-t-il estimé.
Les négociations, par exemple avec Lactalis, se font parfois au niveau mondial en dehors des règles françaises.
Dominique Schelcher estime aussi qu'"il faut multiplier les contrats tripartites", dans les discussions, prenant exemple sur le lait où les agriculteurs pourraient prendre place autour de la table lors des négociations commerciales avec les industriels.
Pour garantir le respect des lois Egalim, qui visent à protéger les revenus des agriculteurs, le gouvernement a prévu de multiplier les contrôles et devrait prononcer des "sanctions lourdes" contre trois entreprises, non nommées.