Agen, Lannion, Bayonne... Pourquoi des agriculteurs ciblent des supermarchés Leclerc

Des supermarchés Leclerc ont une nouvelle fois été visés par des agriculteurs en colère ces derniers jours. Dans la nuit de dimanche à lundi, le quotidien Sud Ouest rapporte que les établissements de Bayonne-Nord et Anglet ont été attaqués: du lisier et des déchets ont été massivement déversés devant les entrées.
En Bretagne, un journaliste du Télégramme montre des images de dégradations commises à Lannion, dans les Côtes-d'Armor. L'entrée du magasin a été rendue inaccessible en raison d'une montagne de détritus, de déjections animales et de pneus. Les supermarchés de Guingamp et Hennebont avaient déjà été pris pour cible.
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En fin de semaine dernière, c'était un centre Leclerc d'Agen qui avait été visé par des agriculteurs. Là-aussi, du lisier avait été déversé et avait causé la rupture du sous-plafond de l'entrée en raison du poids.
Une scène qui avait causé l'ire d'une femme de ménage qui travaille habituellement dans ce magasin et que nous avions interrogée.
"C'est dégueulasse de leur part, on est tous à la même enseigne", dénonçait à notre micro. "Ils sont en colère mais là, non, c'est trop".
Pourquoi Leclerc particulièrement?
Pourquoi donc les magasins Leclerc seraient-ils visés particulièrement? Certains agriculteurs, comme Bruno Cardot intervenu dans Les Grandes Gueules ce lundi 29 janvier, reprochent à cette marque de ne pas respecter la très discutée loi Egalim.
"Ils font partie des gens qui ont été mettre une centrale d'achat européenne en Belgique avec un partenaire allemand et ça fait des années qu'ils détournent la loi Egalim", accuse-t-il, bien que les recours auprès de la justice européenne ont été tranchés en faveur de Leclerc.
D'autres marques comme Auchan et Système U ont été visées par des dégradations, mais aussi Grand Frais à Lannion. Les agriculteurs reprochent plus généralement aux supermarchés de profiter de la faiblesse des producteurs français, et de vendre moins cher des produits similaires venant d'autres pays, soumis à des normes moins contraignantes qu'en France.
Michel-Edouard Leclerc agace
En attendant, la grande distribution fait profil bas dans les médias depuis le début du mouvement de colère. "Nous ne souhaitons pas exposer plus nos magasins", explique le responsable d'une enseigne qui ajoute avoir demandé à ses équipes de ne pas chercher l'affrontement.
Selon le président d'une coopérative agricole, les distributeurs "se cachent en espérant passer à travers la vague", alors que les agriculteurs et les industriels les accusent de faire pression sur les prix des produits.
D'autant que sur les barrages routiers, la figure de Michel-Edouard Leclerc cristallise parfois les colères, ce qui n'étonne pas un des leaders de la FNSEA que nous avons interrogé: "Cela fait des années qu'il est en permanence sur les plateaux télé pour nous donner des leçons, et comme on dit chez nous: 'On récolte à la hauteur de ce qu'on sème'".