Coupe budgétaire à l'Agence bio: qui est sa directrice Laure Verdeau, auditionnée jeudi au Sénat?

L’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique est confrontée à une coupe drastique de son budget. Le gouvernement, dans une volonté de faire des économies, annonce une réduction de 15 millions d’euros, soit les deux tiers de son financement.
En 2025, l’Agence devait célébrer les 40 ans du label AB avec une grande campagne de communication : "C’est bio la France". Mais c’est justement le budget communication qui est fortement réduit, ainsi qu’une partie des fonds alloués au développement de la filière.
Le budget 2024 a été dépensé et financera notamment les deux vagues de campagnes publicitaires télévisées prévues en mai et en septembre. Au-delà, l’agence ne sait pas comment elle continuera à promouvoir les aliments issus de l’agriculture biologique.
Laure Verdeau, la directrice, est attendue jeudi au Sénat. Elle sera auditionnée par la commission d’enquête sur les agences et les opérateurs publics. Le secteur du bio souffre déjà d’un vrai trou d’air, avec un marché déstabilisé par l’inflation et le recul de la consommation. L'hypothèse d’une fusion avec une autre entité, voire d’une suppression de l’Agence bio, a plusieurs fois été évoquée parmi les pistes d’économies.
Elle a mis l’alimentation au cœur de sa carrière
Laure Verdeau a 42 ans. Elle a grandi en Corse, dans ce qu’elle décrit en s’amusant comme une famille "de femmes à régimes qui mangeaient des légumes". Un jour, un souci de santé l’éloigne du travail et change ses choix de carrière. Depuis, elle assume militer pour une alimentation saine.
Elle vient du privé, notamment de cabinets de conseil, dans une première carrière marquée par des semaine intenses. Une vie bien remplie qui lui convenait, à un détail près : "Les plateaux-repas, je ne l’acceptais pas. Ma clef de lecture du monde, c’est la nourriture." "Je voulais travailler dans quelque chose qui a du sens."
À l’Agence Bio, elle découvre les arcanes de l’administration publique, pour ne pas dire ses méandres. Elle se décrit elle-même comme un "lapin Duracell". C’est un autre monde, un autre langage, mais elle s’adapte. Ce n’est pas fréquent, mais elle fait l’unanimité chez les syndicats agricoles. FNSEA, Confédération paysanne, Coordination rurale : tout le monde est vent debout contre les coupes budgétaires.
Pourtant, elle se bat pour des normes
Ce n’est pas vraiment dans l’air du temps, et pourtant, elle défend les normes. C’est bien ce qu’elle soutient, avec la filière bio. "Le bio est contrôlé à tous les maillons de la chaîne. (…) Vous mangez un pain bio, la semence a été contrôlée, le céréalier a été contrôlé, le meunier a été contrôlé, le boulanger a été contrôlé. Il n’y a qu’une sorte de bio, celui qui est réglementé."
Des règles, des normes mais pas que de la paperasse. Laure Verdeau sillonne les territoires. Son combat, c’est aussi de la politique. Elle déclare : "L’agriculture couvre la moitié du territoire. 68 millions de consommateurs sont en colocation avec 380.000 agriculteurs : nous avons tous notre droit de regard." Et elle ajoute : "Le bio, c’est l’agriculteur qu’on voudrait comme voisin."